Arnaud Dotézac
Rédacteur
Juriste de formation, Arnaud Dotézac a toujours travaillé dans le monde des médias, notamment au sein de grands groupes européens, ce qui l’a conduit à un journalisme d'analyse croisant le factuel aux stratégies normatives des Etats. Arnaud a notamment dirigé les rédactions du magazine Market, publication suisse de haut vol traitant de finance, géopolitique et culture. Il offre régulièrement ses analyses relatives aux pays émergents au magazine Bilan et publie ses enquêtes lexicales dans l’Antipresse (rubrique « Sur ces mots »). En tant que « passager clandestin », il nous apporte également des éclairages précis et fouillés sur les affaires du monde, pour lesquels il intervient aussi, régulièrement, sur les ondes radio et les plateaux de télévision.
Il est l'auteur d'un livre étonnant sur la spiritualité et la géopolitique du Tibet : Les lamas se cachent pour renaître.
Prohiber l’avis contraire (la réplique) en le désignant comme repli psychotique, c’est passer du champ du débat démocratique à celui du diagnostic psychiatrique, c’est-à-dire de la libre confrontation des idées à la délégitimation par l’argument médical d’autorité. A ceux qui invoquent le « repli sur soi », répliquons-leur ce qu’est le droit de déployer ses idées en démocratie. Drone n° 38/Antipresse 148, 30.9.2018
Les articles d'Arnaud Dotézac
Crypto saga, épisode 4: une entreprise de renseignement multicartes (2)
La semaine dernière, nous en étions restés à la collaboration de Boris Hagelin avec la Russie soviétique. Comme on va le voir, l’activité de Crypto AG dessine une véritable nébuleuse de trafics d’information, d’influence… et de flux financiers.
Crypto saga, épisode 4: une entreprise de renseignement multicartes (1)
À la lecture des centaines de documents américains déclassifiés ayant trait au fondateur de Crypto AG, on voit se dessiner de manière très distincte le rôle de Boris Hagelin en tant qu’agent de renseignement. Peut-on croire que personne en Suisse ne s’en soit aperçu?
Crypto saga, épisode 3: au cœur de l’alliance américano-allemande
Si Boris Hagelin n’avait pas déménagé en Suisse en 1948, il n’y aurait pas aujourd’hui d’affaire Crypto. Il est capital de comprendre pourquoi il y est venu. Et pour cela, il faut se replonger dans l’ambiance paradoxale du monde du renseignement à la veille de la Guerre froide.
Crypto saga, épisode 2: un cryptographe bien entouré
Nous poursuivons le récit de la Crypto Saga en déroulant le fil biographique de Boris Hagelin. Une légende si bien écrite par William Friedman, numéro 2 de la NSA, qu’elle masque à merveille la place réelle de Crypto dans la gigantesque prise en main du globe par les Américains, qui devient irréversible avec leur entrée en guerre en 1942.
Crypto saga, épisode 1: qui était Boris Hagelin?
L’affaire Crypto AG, qui ébranle actuellement les institutions helvétiques, mérite une attention particulière, même au-delà des frontières suisses. En réalité, elle concerne le monde entier dans la mesure où la plupart des pays y sont impliqués, soit comme épieurs, soit comme épiés.
Des grives sans plumage ni fromage
Il en va des «grives» comme au «Griveaux»: les «griveleux» les braconnent et les «grivoises» les piègent. Il était prévenu, pourtant, l’oiseau des campagnes électorales, le «chevalier grivelé» de l’Élysée. Mais rien n’y fit. L’avidité bien connue des grives à piller les vignes (qui nous a donné le délit de «grivèlerie»), aura marqué le Griveaux jusqu’au ramage. Le voilà dénudé, sans plumage ni fromage. Reste à savoir par quel renard il «jura mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus». Article de Arnaud Dotézac paru dans la rubrique «Sur ces mots» de l’Antipresse n° 220 du 16/02/2020.
Clarifions pour clamer ce qu’on doit déclarer
Fidèle au poste, Slobodan Despot intervenait dimanche dernier aux «Beaux parleurs», émission de grande écoute de la Radio Suisse romande. Il y interpella notamment, sous l’angle moral, le journaliste alémanique et invité du jour, Philippe Reichen, sur la publication, dans son dernier livre, de fuites judiciaires, couvertes par le secret de l’instruction. En Suisse, les sources journalistiques étant plutôt bien protégées, Reichen ne prit aucun risque à répondre tout de go que: «si ça permet de clarifier les choses, j’trouve plutôt bien». «Clarifier», un mot qui sonne comme un «clairon». Se souvient-il que clarus désignait à l’origine le tonnerre, le bruit retentissant ou encore la convocation solennelle (calo), dans la lignée indo-européenne de *Kel (bruit produit par un coup, appel). A-t-il idée que la clarigatio désignait en son temps la «réclamation» de son dû à l’ennemi, sous peine de représailles? Il y a quelque chose de dur et sonore, au […]
Maquillage et camouflage, les deux mamelles de la liberté d’expression macronienne
Ainsi donc, entre une loi Avia qui installe la censure, un parquet qui classe un volet de l’affaire Mila en phase avec les intérêts de sa ministre et un président qui joue au garant de la liberté d’expression à Angoulême, la Macronie ressemble de plus en plus à une très mauvaise comédie de boulevard. Mais c’est sans doute plus grave que cela.
La «haine» hiérarchisée, ou l’antivote annoncé du 9 février
Va-t-on étendre la norme pénale antiraciste aux crimes d’homophobie? Les Suisses s’apprêtent à voter sur cette question, et l’issue est hautement prévisible. Ne manque dans ce consensus qu’un détail clef: les chiffres!
Géants endormis… ou insomniaques de la censure? (2)
L’alliance du pouvoir exécutif français avec une milice privée de censure et de chantage sur internet, scellée par le projet de loi Avia, est-elle un produit des circonstances? Ou ne serait-elle pas la concrétisation d’un projet «suprapolitique» mûri de longue date qui ferait de la démocratie une relique du passé? Les écrits d’Emmanuel Macron lui-même nous éclairent là-dessus.
Géants endormis… ou insomniaques de la censure?
Les «Sleeping Giants» sont la nouvelle milice privée de contrôle de la pensée sur l’internet, qui assume pleinement son caractère répressif. Purs idéalistes? Les profils des meneurs indiquent plutôt qu’il s’agit d’un mercenariat techno qui barbote décidément dans un petit monde. Le marécage du Deep State est profond, mais pas si étendu que ça…
Le stylo
Le stylo-encre applique en joie son tracé nuancé, de pleins et de déliés. Il stimule autant l’écriture distinguée qu’il instigue à bien lire. Telle est la magie des plumes: qu’elles soient d’oie ou de corbeau, de Parker ou Sergent-Major, elles aiguillonnent (all. stachel) maints auteurs, autrement qu’un clavier. Elles les pousse à piquer (angl. sting) leur beau papier en y fichant *(all. *stecken) leur style (syn. « poinçon »). Toute la culture est tramée de ces points (gr. stigmai), qui figent aussi l’instant (gr. stigmi), depuis les temps indo-européens où *steig-* disait «piquer», «pointu». De là découlent nos Lettres, dont on sent bien, *instinctivement, qu’elles survivront encore à l’extinction des feux. Article de Arnaud Dotézac paru dans la rubrique «Sur ces mots» de l’Antipresse n° 211 du 15/12/2019.