Éric Werner
Rédacteur
Docteur en philosophie, professeur de philosophie politique, disciple de Montaigne et aussi un peu de Machiavel, penseur âcre et insoumis, Eric Werner a marqué les esprits du XXe siècle finissant avec son essai prophétique sur L’Avant-guerre civile. Depuis, il poursuit sa réflexion fine et désabusée sur le totalitarisme insidieux de la modernité, tant au travers de ses livres, de son blog, que (depuis la 43e semaine) de ses Enfumages de l’Antipresse, dont la vocation est bien entendu de nous désenfumer l’esprit.
« L’État fait croire à sa population que lui-même et sa police se consacrent jour et nuit à la lutte contre le terrorisme, une lutte résolue et sans merci. Il n’en est évidemment rien. Ils ont bien d’autres soucis en tête. La population serait surprise de savoir lesquels. C’est ce que disent certains, mais je ne les suivrai évidemment pas sur ce terrain. Pas plus que je ne les suivrai quand ils disent que la lutte contre le terrorisme ne serait qu’un outil de communication, un de plus (mais non des moindres). Ce ne sont pas des choses à dire. » (Antipresse n° 90, 20.08.2017)
Une nouvelle guerre de Cent Ans
Depuis que la guerre est devenue un moyen de résoudre les problèmes de politique intérieure, elle s’est, pour ainsi dire, installée à demeure. En déroulant le fil, on pourrait se dire que nous sommes pratiquement en guerre permanente depuis 1914 au moins.
«La haine et l’animosité»
La guerre est un phénomène complexe, à plusieurs étages. Mais il arrive, en de certains moments, qu’elle se simplifie singulièrement. Ou plutôt, qu’elle nous fasse régresser vers un état que nous croyions avoir dépassé.
Qui est l’ennemi prioritaire?
On ne peut pas aujourd’hui «penser la guerre» (Raymond Aron) sans remonter à Clausewitz. Sauf que Clausewitz est surtout aujourd’hui un point de comparaison. En deux cents ans, le phénomène guerre s’est beaucoup transformé, de même que (plus important encore) notre propre approche du phénomène.
Peut-on combattre l’État total?
L’Europe étonnée a découvert ce qui vient de se passer en Angleterre: ces émeutes anti-immigration et surtout anti-police en plusieurs grandes villes de pays, en réaction à l’assassinat de trois petites filles. Le Premier ministre est aussitôt monté au créneau pour dire que les gens qui avaient participé à ces émeutes et leurs soutiens sur Internet allaient le «regretter».
La Terreur sans complexe
Il fut un temps où l’imagerie et l’héritage de la Révolution française étaient sérieusement mis en question. Le Pouvoir en usait donc avec des pincettes. La cérémonie que nous venons de voir nous annonce sans équivoque que ce temps est révolu. On nous ressort la guillotine. Symboliquement. Pour l’instant.
Services spéciaux, des liens indéfectibles
Il en va de «l’anarchie qui vient» comme du «terrorisme»: si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer. Même la placide Helvétie fait des efforts d’imagination dans ce sens.
Le chaos sans la guerre civile
Macron et Mélenchon ont beau déclarer la guerre civile à la France périphérique, ce n’est pas pour autant demain ou même après-demain que la France tout court basculera dans la guerre civile. Un autre scénario se profile plutôt.
Un ennemi pas comme les autres: un Français sur trois
Qu’est-ce que le pouvoir ne serait pas prêt à sacrifier pour «barrer la route à l’extrême droite»? Ses «valeurs»? Entendu, ce sont de toute façon des abstractions. Ses idées? D’accord, elles sont jetables. L’État de droit, ou ce qu’il en reste, aussi. Mais alors… de quel côté se trouve le vrai péril pour la démocratie?
Faire sécession
Nous nous côtoyons encore, mais nous ne formons plus une société. Nous voyons se défaire sous nos yeux les liens fondamentaux qui font tenir ensemble la cité. Y a-t-il encore moyen d’enrayer cette décomposition?
Des élections pour rien?
La France est encore en proie à la fièvre électorale. Trois options radicalement opposées s’offrent à elle et les extrêmes menacent d’écraser le centre. Mais que se passerait-il réellement si ces extrêmes l’emportaient?
Pacifiste, un métier à risque
Ceux qui s’engagent pour la paix dans les époques d’escalade guerrière vivent dangereusement. Les loups solitaires pullulent dans les rues et les balles perdues ne le sont pas pour tout le monde. A moins que ces loups ne soient pas si solitaires que ça…
Le stoïcisme comme réalité
On n’écrit plus aujourd’hui de livres de ce genre: près de mille pages, en plus d’une certaine densité, bien construit et pensé, se nourrissant d’innombrables lectures, en même temps que d’une bonne expérience de la vie et de ses difficultés. L’auteur dit qu’il a mis huit ans à l’écrire, on le croit volontiers. Ce livre a demandé en tout cas beaucoup de travail. Mais le résultat est là: un livre magnifique.