Éric Werner
Rédacteur
Docteur en philosophie, professeur de philosophie politique, disciple de Montaigne et aussi un peu de Machiavel, penseur âcre et insoumis, Eric Werner a marqué les esprits du XXe siècle finissant avec son essai prophétique sur L’Avant-guerre civile. Depuis, il poursuit sa réflexion fine et désabusée sur le totalitarisme insidieux de la modernité, tant au travers de ses livres, de son blog, que (depuis la 43e semaine) de ses Enfumages de l’Antipresse, dont la vocation est bien entendu de nous désenfumer l’esprit.
« L’État fait croire à sa population que lui-même et sa police se consacrent jour et nuit à la lutte contre le terrorisme, une lutte résolue et sans merci. Il n’en est évidemment rien. Ils ont bien d’autres soucis en tête. La population serait surprise de savoir lesquels. C’est ce que disent certains, mais je ne les suivrai évidemment pas sur ce terrain. Pas plus que je ne les suivrai quand ils disent que la lutte contre le terrorisme ne serait qu’un outil de communication, un de plus (mais non des moindres). Ce ne sont pas des choses à dire. » (Antipresse n° 90, 20.08.2017)
Les quatre cents coups
La course à l’abîme est en réalité une stratégie du bord de l’abîme. On frôle l’abîme, et on le frôle en permanence, le sachant et le voulant. Voilà à quoi jouent les pouvoirs qui nous gouvernent. Jusqu’où ainsi?
Du «militarisme éclairé» à la «diplomatie féministe»
Vous voyez un rapport entre militarisme et féminisme, version 2023? Nous, non. En aucun cas. Nous ne saurions faire de tels parallèles. S’il y a des synchronicités, elles sont purement fortuites et il est interdit de les relever.
Chevaucher le chaos
«L’insécurité mène la brebis à l’État», lit-on dans un livre prémonitoire. Beaucoup d’insécurité permet donc d’aller plus loin encore dans cette direction. Il faut que les gens vraiment en bavent.
De l’esprit d’indépendance
Résistance ou trahison? La frontière est subtile et fluctuante. On en voit l’illustration dans certains grands romans, comme ceux de le Carré. Mais également dans la vraie vie, avec des figures providentielles qui peuvent infléchir le cours de l’histoire. Même au temps de la robotisation totalitaire…
Les services spéciaux, ou l’absence de limites
Les services spéciaux sont une métonymie. Ils sont en plus petit ce que le régime occidental est en plus grand. Ils nous aident ainsi à mieux le comprendre. Avant tout le monde, John Le Carré avait compris leur fonction et leur vocation dans la société ultralibérale du XXIe siècle.
Les lapsus du président
Un chef d’État de l’Union européenne a proposé de traiter les Russes d’Europe comme on a traité les Japonais aux États-Unis en 1942. Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire? Et que nous révèlent ces «dérapages» au sujet des intentions du pouvoir à notre égard?
Quand les impôts ne rentrent plus
L’histoire n’est qu’un perpétuel recommencement, disent les uns, et d’autres au contraire: l’histoire est ce que jamais on ne verra deux fois. On peut aussi couper la poire en deux: *eadem sed aliter*. C’est la même chose mais autrement. L’habillage extérieur n’est pas, par exemple, le même; les modalités sont autres, etc.
L’État de droit comme état de fait
D’un certain point de vue, l’État de droit n’est qu’un habillage hypocrite du pouvoir arbitraire, un hommage du vice à la vertu. On peut en citer quelques exemples d’actualité. Après les avoir consultés, oubliez cette discussion, faites ce qu’on vous dit de faire et bouclez-la.
Vacance romaine
L’Europe est confrontée à une pression migratoire sans précédent. Ou plutôt, avec un précédent: la fin de l’Empire romain. On pourrait en tirer un parallèle historique assez facile… s’il n’y avait une différence de taille.
Les vrais fascistes
Les atteintes à la liberté d’expression se sont tellement multipliées en France ces dernières années que personne n’y prête plus seulement attention. Il le faudrait quand même, car à un moment donné se pose une question qu’on ne saurait éluder: en quoi la France est-elle encore une démocratie, comme elle prétend et est supposée l’être? Ou simplement, même, un État de droit?
De la corruption à la robotisation
Le critère de sélection n’est même plus la conformité, mais ce que les dirigeants actuels considèrent comme en étant la condition même, à savoir l’inaptitude à penser Si vous n’avez pas désappris à penser, vous devez faire une croix sur toute espérance d’avancement social.
Tyrannie, mode d’emploi (2)
Sommes-nous bien sûrs de ne pas aimer la tyrannie? Non, et nous le savons au moins depuis La Boétie. La majorité humaine y est au contraire très favorable. Pourquoi alors les tyrans sont-ils si sourcilleux sur les questions d’obéissance?