Il y a un peu moins de quatre mois, nous sommes entrés dans un paradigme délirant et nos autorités viennent de nous faire savoir qu’elles entendaient le prolonger ad libitum.
Souvenons-nous, pourtant.
En mars, ne nous avaient-elles pas expliqué que tout ça (la suspension des libertés fondamentales, le bouclage des frontières, l’injonction «Restez chez vous»), c’était pour empêcher les hôpitaux d’être débordés?
Résultat: même dans les cantons qui ont enregistré le plus grand nombre d’hospitalisations liées au #COVID19, comme Genève et le Tessin, à aucun moment les hôpitaux n’ont été débordés, contrairement à ce que nous prédisaient les éminents générateurs de simulations, ceux-là mêmes qui aujourd’hui nous recommandent d’installer leur app de traçage.
Il s’est même produit le contraire: de très nombreux hôpitaux sont restés vides et ont dû recourir au chômage partiel, alors que des centaines de personnes ne pouvaient pas recevoir les soins dont elles avaient besoin parce que les capacités étaient réservées pour la déferlante#COVID19 qui n’allaient pas manquer de nous submerger.
Et ce n’est pas tout. Alors qu’il n’y a aucune preuve que le raz-de-marée annoncé sur les hôpitaux ait été empêché ce printemps grâce aux mesures ordonnées par le Conseil fédéral, il est clair que ces mêmes mesures ont fait beaucoup de mal: des pans entiers de la société sont dans la détresse, une bonne partie de la jeunesse continue d’être privée de son droit à l’éducation, les finances publiques ont été lourdement grevées, les établissements médico-sociaux ont été transformés en prisons et les liens dans la population sont plus distendus que jamais, minés par la défiance.
Ce 1er juillet, le Conseil Fédéral nous a remis le couvert parce que nous avions… 0,3 % de plus de «cas testés positifs» que la semaine dernière. Alors que les statistiques de l’OFS montrent que depuis la mi-mai, la mortalité en Suisse est tantôt à la limite inférieure de la valeur statistiquement attendue, tantôt en-dessous. La menace d’un nouveau lockdown n’est donc désormais plus justifiée par le souci de ne pas voir les infrastructures hospitalières débordées, mais par le nombre d’individus asymptomatiques ou légèrement symptomatiques qui sont testés positifs — et qui ont de bonnes chances d’être en réalité des faux positifs, comme le rappelait à juste titre Infosperber il y a quelques jours.
Pour nos autorités, cependant, cette situation nécessite que la Suisse dresse des listes arbitraires de pays «à risque» (sur la base de données dont on a pu apprécier en quatre mois le manque de valeur probante), qu’elle envisage de reboucler ses frontières, et qu’elle ordonne le port du masque dans les transports publics. Toujours sans produire la moindre preuve que ces mesures feront plus de bien que de mal.
Pour faire quoi, cette fois?
Réduire de nouveau de 0,3 % le nombre de «cas testés positifs» qui ont de grandes chances d’être des faux positifs?
Faire reculer la mortalité en Suisse encore plus au-dessous de la limite inférieure de la valeur statistiquement attendue?
Ou juste entretenir la panique et s’assurer de la soumission de la population?
- Catherine Riva, www.re-check.ch, @RecheckHealth. Lire également: Catherine Riva & Serena Tinari: «Médias suisses et coronavirus: cesser de nourrir la peur», Antipresse 227 | 05/04/2020.