Le dénominateur commun de ce pays est l’imposture, la France ment et ce n’importe le domaine, elle ment aux Français, elle ment à l’Europe, elle en arrive à ne plus savoir quand elle a menti, sa bonne et sa mauvaise foi se mêlent désormais au sein de l’équivoque, c’est la ruine de l’esprit français. La langue est déjà faisandée et la métamorphose se prépare, la race est déjà menacée et d’ici à trois générations, le pays court fortune de devenir la proie du métissage, la nation est engagée au déçu d’elle-même en la séquence des fatalités, ses Princes gagnent au jour la journée le provenu qu’ils devront perdre et quelquefois avec usure, le peuple s’est mis à courir après les nuées que ses maîtres lui désignent, la France entière est devenue baroque. Il reste aux derniers tenants de l’honneur à se réduire en cendres, au milieu des ilotes, des marchands et des sophistes, la mort est le chemin des purs.
— Albert Caraco, Simples remarques sur la France, rem. 233 (éd. L’Age d’Homme, 1975).