Géopolitique en désarroi
Dans le déchaînement des guerres frontales, le «grand jeu» géopolitique a-t-il encore sa place? La diplomatie existe-t-elle? Est-il même possible, encore, de penser les événements dont nous sommes les témoins?
Dans le déchaînement des guerres frontales, le «grand jeu» géopolitique a-t-il encore sa place? La diplomatie existe-t-elle? Est-il même possible, encore, de penser les événements dont nous sommes les témoins?
Drôle d’époque, où la culture pop s’allie à la mystique nationale et le rock s’hybride avec l’opéra. Le phénomène Shaman en est un exemple bien russe devenu phénomène planétaire.
Aller vivre en Russie? Il suffit aujourd’hui d’évoquer cette possibilité pour que votre interlocuteur fronce les sourcils et se demande si vous êtes devenu fou.
Il y a cent ans, les intellectuels russes opposés au régime bolchévique étaient bannis de leur pays et embarqués de force sur le «bateau des philosophes»(1). À un siècle de distance, le thème de l’exil et de l’émigration est revenu au centre de l’actualité et fait les titres de la presse russe: à croire que l’histoire se répète.
À force de parler de bombes, de missiles et de chars Léopard, on en vient à oublier l’autre guerre qui ne se déroule pas dans les steppes d’Ukraine, mais dans la tête des Occidentaux comme dans celle des Russes. Le principal enjeu de cette guerre «soft» est ni plus ni moins le modèle d’homme — pardon, d’être humain — que la société propose à ses jeunes générations.
Multipolarisme, Eurasisme, Néoconservatisme, Fascisme, Néobyzantinisme. Les mots se bousculent sous la plume des journalistes, analystes et autres doctes spécialistes de la Russie pour désigner la doctrine qui guide le maître du Kremlin. Récemment, un nouveau venu s’est ajouté à la liste: l’Ilyinisme.
Sans que nos médias y prêtent vraiment attention, la Pologne a proclamé ces dernières semaines une mobilisation massive(1) en vue de constituer la plus grande armée d’Europe — dans le but peut-être de devenir le prochain «proxy» américain face à la Russie après la démilitarisation de l’Ukraine, ou au moins de régler certains contentieux historiques encore ouverts. Quoi qu’il en soit, ce bellicisme n’est pas partagé par toute la population. Alexandra Klucznik-Schaller est l’antenne polonaise du Club de l’Antipresse. Elle nous raconte la censure et la persécution des opposants à la guerre dans cet État qui est désormais un fer de lance de l’UE/OTAN.
Roberts, Mearsheimer, Macgregor et cie: dans le domaine anglo-saxon, les voix ne manquent pas pour dénoncer la calamiteuse fiction dans laquelle le monde occidental s’est enfermé avec son récit de la guerre en Ukraine. Il vaut la peine de découvrir ces figures pour le moins atypiques qui ne manquent ni de courage ni d’arguments face au déferlement de propagande actuel.
Qui se souvient encore de Kirsan Ilioumjinov, l’ancien président de la Fédération internationale des échecs? En 2018, il disparaît des radars de nos médias après s’être fait suspendre de ses fonctions à la tête de la FIDE, victime à son tour des sanctions de l’Oncle Sam. De quoi s’est-il rendu coupable?