##### Texte de la conférence donnée à l’Académie d’été des jeunesses démocrates-chrétiens du canton de Fribourg, Gruyères, le 10 septembre 2016. J’ai pour habitude d’improviser mes conférences à partir de quelques notes prises dans un carnet. Il ne s’agit pas seulement de désinvolture ou de précipitation. C’est surtout qu’à mes yeux, une conférence n’est pas un cours ex cathedra mais un échange vivant de personne à personne (même quand le public est nombreux). L’intérêt d’un tel échange ne réside pas dans les matières qu’on a accumulées et digérées afin de les restituer pour l’occasion, mais dans ce qu’on livre spontanément de sa culture et de sa vision du monde. Un témoin sincère ne prépare pas — ou pas trop — son témoignage. Mais la gravité du sujet qu’on m’a proposé d’aborder, et la qualité particulière de l’audience à qui je m’adresse, m’ont cette fois-ci contraint à choisir et peser mes mots. […]
Qui est l’ennemi prioritaire?
On ne peut pas aujourd’hui «penser la guerre» (Raymond Aron) sans remonter à Clausewitz. Sauf que Clausewitz est surtout aujourd’hui un point de comparaison. En deux cents ans, le phénomène guerre s’est beaucoup transformé, de même que (plus important encore) notre propre approche du phénomène.