Ceux qui de simples personnes deviennent princes par la seule fortune n’ont pas grand-peine à le devenir, mais beaucoup à le demeurer; le chemin leur est facile, ils volent à leur but, mais toutes les difficultés naissent après qu’ils sont en place.
Ils ne savent ni ne peuvent tenir ce rang-là; ils ne le savent pas car il semble qu’ayant toujours vécu en condition privée ils ne savent user du commandement; ils ne le peuvent, car ils n’ont pas les forces qui puissent être sûres et fidèles. De plus, les seigneuries qui viennent si vite, comme toutes les autres choses naturelles qui naissent et croissent soudain, ne peuvent avoir leurs racines et autres fibres assez fortes pour que le premier orage ne les abatte.
— Machiavel, Le Prince.