«La philosophie à la mode prétend s’opposer à la tyrannie, mais elle en double les vexations, elle nous ferme les chemins et nous fait honte de nos ailes, nous sommant de ramper par une solidarité mystique avec la masse des infirmes. Nous avons donc tous les bonheurs: au dehors, faibles; au dedans, subjugués et par devers nous-mêmes, devenus la proie de mille raisonneurs marrons distillant leurs nouveaux scrupules. L’on n’avait pas imaginé que l’impuissance méthodique fût un devoir moral, on nous l’enseigne désormais.» — Albert Caraco, Le tombeau de l’histoire Observe. Analyse. Intervient.L’Antipresse ne dort jamais. Restons en contact! J’y vais! Merci! Nous vous envoyons de ce pas un message de confirmation!
L’ennemi imaginaire
Nous avons désormais un bel ennemi extérieur, effrayant à souhait, et tellement bien venu pour resserrer nos rangs et faire taire les grincheux. Mais ce n’est pas le seul dans la palette des épouvantails utiles. De loin pas! On ne peut plus tourner le bouton de la radio sans tomber sur quelqu’un vous parlant de la «menace russe». Personne ne se demande si cette menace existe réellement: ce point est considéré comme acquis et n’est donc jamais examiné en lui-même. Certes, les gens ne sont pas toujours d’accord entre eux. Certains voudraient envoyer des troupes en Ukraine, d’autres non. D’autres encore parlent d’«économie de guerre»: où trouver l’argent? Mais il y a une ligne rouge que personne ne franchit jamais: celle, effectivement, qu’on franchirait si l’on disait que la «menace russe» n’existe pas, sinon dans la tête de ceux qui en parlent: en d’autres termes que c’est un pur produit de […]