En reprenant 2000 km2 de terres et de localités dans le nord du Donbass, l’Ukraine a enregistré son premier succès militaire réel depuis le début du conflit. Le pouvoir de Kiev et ses soutiens occidentaux en ont fait un triomphe extravagant, le début d’une percée conquérante qui ne devrait s’arrêter qu’à Moscou avec la destitution de Poutine et la «démilitarisation de la Russie». Qu’en est-il en réalité?
L’ennemi imaginaire
Nous avons désormais un bel ennemi extérieur, effrayant à souhait, et tellement bien venu pour resserrer nos rangs et faire taire les grincheux. Mais ce n’est pas le seul dans la palette des épouvantails utiles. De loin pas! On ne peut plus tourner le bouton de la radio sans tomber sur quelqu’un vous parlant de la «menace russe». Personne ne se demande si cette menace existe réellement: ce point est considéré comme acquis et n’est donc jamais examiné en lui-même. Certes, les gens ne sont pas toujours d’accord entre eux. Certains voudraient envoyer des troupes en Ukraine, d’autres non. D’autres encore parlent d’«économie de guerre»: où trouver l’argent? Mais il y a une ligne rouge que personne ne franchit jamais: celle, effectivement, qu’on franchirait si l’on disait que la «menace russe» n’existe pas, sinon dans la tête de ceux qui en parlent: en d’autres termes que c’est un pur produit de […]