Universités: de l’internet à la robotisation
Beaucoup d’institutions sont aujourd’hui en fin de vie. Il en est ainsi des églises, dans une certaine mesure de la famille, mais aussi, je pense, des universités.
Beaucoup d’institutions sont aujourd’hui en fin de vie. Il en est ainsi des églises, dans une certaine mesure de la famille, mais aussi, je pense, des universités.
En cette dernière chronique de l’année 2020, la dernière aussi de notre série actuelle, nous nous interrogerons sur nous-mêmes et nous demanderons donc: comment vivre en un temps brisé?
Nous poursuivons notre réflexion sur les changements et ruptures intervenus depuis 1989. L’année 1989 est celle de la chute du mur de Berlin, et par là même aussi la dernière de la guerre froide. Nous sommes aujourd’hui en 2020. Que s’est-il passé entretemps?
Au lendemain de la chute du mur de Berlin, certains se dirent que l’histoire était terminée, ouf. On allait enfin pouvoir se reposer, profiter de la vie. Sauf que, très vite, des voix discordantes se firent entendre: non, ce n’était pas si simple.
Nous avons cité la semaine dernière une lettre de Hannah Arendt, écrite deux jours après l’assassinat du président Kennedy et ayant pour destinataire le philosophe Karl Jaspers. Cette lettre est capitale pour comprendre le temps où nous sommes.
Depuis la fin de la guerre froide, le temps est-il devenu fou? Des événements monstrueux s’enchaînent et rompent le cours de nos vies, sans que nous puissions les comprendre ni les expliquer jusqu’au bout. Les structures sur lesquelles nous nous appuyons ne sont-elles en définitive qu’un flux insaisissable?
Jamais le pouvoir n’était allé aussi loin. On est même très au-delà de Big Brother. Jamais Big Brother n’aurait seulement imaginé ce qui est en train de se mettre en place.
Jamais il n’y eut plus d’écoles et d’universités, jamais plus de livres. Mais qu’est-ce que cela change? Les nouveaux royaumes barbares ont-ils besoin de la culture ou n’est-ce qu’un bagage inutile dans le train du servage généralisé?
On ne peut pas rester indéfiniment hors réalité. A un moment donné, il faut retoucher terre. C’est plus ou moins ce qui est en train de se passer aujourd’hui. Que reste-t-il aujourd’hui encore du discours productiviste? De la religion des droits de l’homme? Une page est en train de se tourner.