C’était peut-être l’auteur le plus singulier, le plus mystérieux, le plus dérangeant de toute la galaxie des provocateurs qu’hébergeaient les éditions L’Age d’Homme. Sa découverte fut un choc qui changea, littéralement, ma vie en ébranlant toutes les croyances qui me soutenaient. Fils de la grande bourgeoisie juive réfugié avec ses parents en Amérique du Sud et baptisé catholique, Albert Caraco revint en Europe en 1946 pour découvrir les ravages de l’idéologie — ainsi que sa propre appartenance qu’on lui avait cachée par précaution. Il passa le reste de sa vie à écrire des livres insoutenables destinés à des lecteurs proprement héroïques. Chrétienté, judaïsme, démocratie, science, psychologie, sexologie… tout y passa, sans pitié, sans concessions. Comme Cioran, il revendiquait le désabusement total. A la différence de lui, il fut conséquent et s’ôta la vie au lendemain de la mort de son père. Albert Caraco n’avait vécu que par affection pour ses […]
La Suisse, cette démocratie qui a existé
Dans le sillage de ma série sur «la démocratie, le régime qui n’existe pas», le rédacteur en chef m’a signalé l’intérêt que pourrait avoir, pour les lecteurs étrangers de l’Antipresse, une plongée dans les origines et l’esprit des institutions helvétiques. J’ai donc rédigé ce texte comme un préambule. Il s’appuie fortement sur l’histoire, afin d’y retrouver ce qui, jadis, a donné forme et sens à ces institutions — et à l’attachement profond qu’elles ont suscité.