Passager clandestin
Albert Caraco: «Arpenter notre évidence» (partie 3)
Voici la troisième et dernière partie des extraits du Bréviaire du Chaos d’Albert Caraco. Ce livre capital a été évoqué dans Antipresse 67 et 69. Il constitue un véritable keisaku, ce bâton d’éveil utilisé dans le zen-bouddhisme: «un instrument que le maître utilise afin de revitaliser le corps du méditant qui le demande, lui permettant de rester plein de vitalité ou de calmer son esprit». * Le Bréviaire du Chaos est la quintessence et la synthèse de sa pensée dans sa forme la plus prophétique et la plus brutale. Ce choix d’extraits touche à ses grands sujets: suicide environnemental, illusions menant à la guerre, abrutissement collectif, mensonge des religions, salut par le matriarcat. Et, par-dessus tout: nécessité de revenir à la pensée sans entraves et aux évidences premières. Slobodan Despot Slobodan Despot lit le Bréviaire du Chaos sur SoundCloud (partie 3, 16 min.) Article de **** paru dans la rubrique […]
Albert Caraco: «Arpenter notre évidence» (2e partie)
J’ai évoqué brièvement, dans Antipresse 67, la vie et les idées d’un des vrais auteurs maudits du XXe siècle. Voici un deuxième choix de textes tiré de son Bréviaire. Cela commence par «Nos intellectuels ne savent que jouer, et nos spirituels ne savent que mentir. Aucun ne songe à repenser le monde…» — Et cela finit par: «Nous aimons mieux l’irréparable que la survie dans un avortement recommencé.» Entre ce début et cette fin, pas une phrase qui ne heurte nos idées reçues de plein fouet! * Le Bréviaire du Chaos est la quintessence et la synthèse de sa pensée dans sa forme la plus prophétique et la plus brutale. Ce choix d’extraits touche à ses grands sujets: suicide environnemental, illusions menant à la guerre, abrutissement collectif, mensonge des religions, salut par le matriarcat. Et, par-dessus tout: nécessité de revenir à la pensée sans entraves et aux évidences premières. Slobodan […]
Albert Caraco: «Arpenter notre évidence»
C’était peut-être l’auteur le plus singulier, le plus mystérieux, le plus dérangeant de toute la galaxie des provocateurs qu’hébergeaient les éditions L’Age d’Homme. Sa découverte fut un choc qui changea, littéralement, ma vie en ébranlant toutes les croyances qui me soutenaient. Fils de la grande bourgeoisie juive réfugié avec ses parents en Amérique du Sud et baptisé catholique, Albert Caraco revint en Europe en 1946 pour découvrir les ravages de l’idéologie — ainsi que sa propre appartenance qu’on lui avait cachée par précaution. Il passa le reste de sa vie à écrire des livres insoutenables destinés à des lecteurs proprement héroïques. Chrétienté, judaïsme, démocratie, science, psychologie, sexologie… tout y passa, sans pitié, sans concessions. Comme Cioran, il revendiquait le désabusement total. A la différence de lui, il fut conséquent et s’ôta la vie au lendemain de la mort de son père. Albert Caraco n’avait vécu que par affection pour ses […]
Hervé Juvin et le réarmement des identités
Essayiste, conférencier, consultant, Hervé Juvin est difficile à plier dans les tiroirs de la pensée académique. Il fait partie de ces penseurs et témoins qui ne se contentent pas de démolir des représentations fondamentales qu’entretient la société occidentale au sujet de soi et du monde. Il montre en pionnier que les enjeux sont déjà ailleurs. Les cotes que le monde politique et médiatique se dispute bec et ongles apparaissent dans ses essais comme des positions désaffectées, des leurres ne servant qu’à fixer et ralentir des armées aveugles et insensibles. Ainsi du dogme sacro-saint de l’offre et de la demande ou des dernières étincelles de la religion globaliste. Captivés par Le mur de l’Ouest n’est pas tombé (Editions P.-G. de Roux), nous avons lu avec passion son dernier livre, Le gouvernement du désir (Editions Gallimard). Nous l’avons interrogé sur les paradoxes qu’annonce le titre même et sur l’«insurrection des différences» qu’il […]
Quand l’histoire rencontre la littérature, par Slobodan Despot
Comment peut-on se désinviter soi-même? En se dédoublant, bien entendu. Pour ma part, j’ai fait mieux: je me suis «détriplé». Dans l’Antipresse, je pense et j’agis comme essayiste, chroniqueur et journaliste. Aux éditions Xenia, je me retire derrière la voix des autres en tant qu’éditeur. Et aux éditions Gallimard, je ne suis ni homme ni femme, ni jeune ni vieux, ni progressiste ni réac: je suis uniquement écrivain. La Bibliothèque de Viroflay m’a aimablement demandé de raconter ma (très récente) trajectoire d’auteur de romans. C’était l’occasion d’expliquer la raison de cette vocation tardive. Car je ne me suis pas mis à la fiction par goût ni par ambition, mais par nécessité intérieure. Par l’impossibilité de faire autrement. Voici donc l’arrière-cuisine de l’écrivain: l’amertume de l’incompréhension, l’épouvante de la guerre et du mensonge massif, le refus des conventions de l’époque, l’entrée en édition via L’Age d’Homme, la «photobiographie»… A la veille […]
Alexandre Douguine: nous avons quatre ans pour vaincre le libéralisme global
Antimoderne, traditionaliste, conservateur, eurasiste, antiraciste et défenseur du sacré: le plus influent des penseurs russes nous a accordé un entretien approfondi sur toutes les grandes questions du moment: les malentendus concernant la Russie ainsi que ses propres idées et conditions, ses liens avec Poutine, les rapports entre l’orthodoxie et l’Occident, mais également l’état du monde après l’élection de Donald Trump. Des prises de position à la fois nettes et subtiles, livrées qui plus est en français! A écouter sur SoundCloud (34 minutes). Liste des questions 1) On vous présente dans les médias occidentaux comme un penseur de la droite extrême, raciste ou racialiste, comme un théoricien de la suprématie russe et, pour finir, comme l’«idéologue» du «régime» Poutine. Vous reconnaissez-vous dans ce portrait? 2) Selon vous, d’où proviennent les malentendus constants entre l’Occident et la Russie? Malentendus politiques, mais aussi culturels, moraux, esthétiques? 3) Quel est le lien entre vos […]
Paul Craig Roberts et le détournement de la démocratie américaine
Ex-secrétaire du Trésor, Paul Craig Roberts est aujourd’hui l’une des voix les plus connues de la pensée conservatrice aux Etats-Unis. Depuis des années, il chronique la dérive des institutions et de la culture politique de son pays avec des mots clairs et des positions tranchées — positions qui ne sont réductibles à celles d’aucun des partis en présence. PCR est une grande conscience solitaire du Sud. Son immense ouvrage L’Amérique perdue paraîtra en mars aux éditions Xenia. En attendant, il nous a accordé au lendemain même de l’élection de Trump (qu’il avait anticipée) un entretien éclairant et franc du collier sur ce qu’est devenue l’Amérique. Ses propos sont d’une netteté et parfois d’une cruauté revigorantes. Regarder sur YouTube (52 minutes), en anglais. Article de **** paru dans la rubrique «Désinvité» de l’Antipresse n° 59 du 15.1.2017.
Pascal Décaillet: 2017, l’année de la lucidité!
Journaliste chevronné, Pascal Décaillet est aujourd’hui la voix la plus singulière et la plus respectée du journalisme en Suisse romande. Il est passé du service public à l’indépendance professionnelle en créant dès 2006 sa propre entreprise, *Pascal Décaillet productions, et se permet donc des prises de position libres de tout «fil à la patte», comme ce commentaire sur l’arrestation en France de Ramush Haradinaj, le sinistre ex-«Premier ministre» de la république mafieuse du Kosovo, que la Suisse neutre fut parmi les premiers États à reconnaître et à promouvoir…* Les aveugles en chemise blanche Nos beaux esprits, qui ont cassé du Serbe pendant toutes les années 1990, et passé une décennie à émettre des jugements à l’emporte-pièce, sans rien connaître à la complexité des Balkans, ni à leur Histoire, auront-ils le loisir de se pencher sur le procès de cet adorable ancien Premier Ministre kosovar, accusé des pires exactions sur des […]
Eric Werner : *Un air de guerre*
#### CHAPITRE II Dans Les Origines du totalitarisme, son grand livre composé au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, Hannah Arendt décrivait les progrès, à notre époque, de l’atomisation sociale, progrès qu’elle associait au déclin de l’Etat-nation traditionnel, en même temps qu’à l’avènement du totalitarisme. Elle dressait ainsi le bilan d’un demi-siècle de guerres et de bouleversements en tous genres. Aujourd’hui encore, ses analyses se lisent avec profit. Sauf que, depuis lors, le processus d’atomisation non seulement ne s’est pas arrêté, mais a singulièrement gagné encore en ampleur. Il s’est même, depuis la chute du mur de Berlin, assez nettement accéléré. Du démantèlement des anciennes souverainetés nationales à la remise en cause du modèle familial traditionnel, en passant par la dérégulation néolibérale et la fragmentation de l’espace social (parfois même géographique) liée à l’immigration de masse, on en mesure aujourd’hui les avancées. C’est désormais la société civile dans son ensemble qui […]