« Ce n’est pas un excès de réflexion qui les caractérise [les pédagogues semi-cultivés modernes], mais l’absence d’émotions fructueuses et généreuses. Ils n’ont pas la tête plus importante que celle de l’homme ordinaire: c’est leur torse atrophié par l’absence d’un grand cœur qui la fait paraître telle. Et pendant ce temps-là — tel est le côté tragicomique de notre situation — nous ne cessons de réclamer à cor et à cri les qualités mêmes que nous rendons impossibles. Il est devenu pratiquement vain d’ouvrir un périodique sans tomber sur des articles affirmant que notre civilisation a besoin de plus d’énergie, ou de dynamisme, ou d’esprit de sacrifice, ou de créativité. Avec une sorte de naïveté épouvantable, nous extirpons l’organe et exigeons la fonction. Nous faisons des hommes sans cœur et attendons d’eux vertu et hardiesse. Nous tournons l’honneur en dérision et sommes choqués de trouver des traîtres parmi nous. Nous […]
Au pays du Soleil indolent
Le Japon est-il le laboratoire ultime de l’utopie technologique ou une preuve de résistance à l’extinction des traditions et des identités? C’est l’interrogation qui m’a animé tout au long de ce voyage. Je ne prétends pas y apporter de réponse, mais je peux proposer un chemin de méditation. Qui, dans ce pays d’ombres et de lumières, s’incarne forcément aussi en images.

