«La nation est un fait récent. Au Moyen Âge la fidélité allait au seigneur, ou à la cité, ou aux deux, et par-delà à des milieux territoriaux qui n’étaient pas très distincts. Le sentiment que nous nommons patriotisme existait bien, à un degré parfois très intense ; c’est l’objet qui n’en était pas territorialement défini. Le sentiment couvrait selon les circonstances des surfaces de terre variables. À vrai dire, le patriotisme a toujours existé, aussi haut que remonte l’histoire, Vercingétorix est vraiment mort pour la Gaule ; les tribus espagnoles qui ont résisté à la conquête romaine parfois jusqu’à l’extermination, mouraient pour l’Espagne et le savaient et le disaient… Mais ce qui n’avait jamais existé jusqu’à une période récente, c’est un objet cristallisé, offert d’une manière permanente au sentiment patriotique. Le patriotisme était diffus, errant, et s’élargissait ou se resserrait selon les affinités et les périls. Il était mélangé à […]
Les aphorismes du philosophe sur le pouvoir total (entretien avec Alexis Haupt 2/2)
Comment discréditer et étouffer les voix dissidentes? Comment monter une chasse aux sorcières? Pourquoi les populations se laissent-elles faire? Que signifie ce déni de tyrannie? — Cette suite et fin de l’entretien entre Ariane Bilheran et Alexis Haupt aborde des problèmes fondamentaux de la dignité humaine en l’époque où nous vivons.