De nos jours, un homme peut appartenir aux milieux dits cultivés, d’une part sans avoir aucune conception concernant la destinée humaine, d’autre part sans savoir, par exemple, que toutes les constellations ne sont pas visibles en toutes saisons. On croit couramment qu’un petit paysan d’aujourd’hui, élève de l’école primaire, en sait plus que Pythagore, parce qu’il répète docilement que la terre tourne autour du soleil. Mais en fait il ne regarde plus les étoiles. Ce soleil dont on lui parle en classe n’a pour lui aucun rapport avec celui qu’il voit. On l’arrache à l’univers qui l’entoure, comme on arrache les petits Polynésiens à leur passé en les forçant à répéter: «Nos ancêtres les Gaulois avaient les cheveux blonds.» Ce qu’on appelle aujourd’hui instruire les masses, c’est prendre cette culture moderne, élaborée dans un milieu tellement fermé, tellement taré, tellement indifférent à la vérité, en ôter tout ce qu’elle peut […]
Les petits soldats du journalisme homogénéisé
Qu’enseigne-t-on vraiment dans les écoles de journalisme françaises? Les règles et savoirs d’un métier ou les dogmes d’une religion? Xavier Eman a fait le tour d’un «vaste système de formatage idéologique, d’endogamie sociale et de cooptation politique».