Les guerres génèrent des situations extrêmes où le «juste milieu», le plus souvent, n’est plus permis. Chacun est aujourd’hui sommé de choisir son camp et le simple fait de *ne pas condamner* le côté désigné comme l’empire du mal vous expose à la vindicte. Ces situations sont à la fois choquantes et très révélatrices. Elles nous reposent la question la plus ancienne de notre histoire humaine, ce dilemme à cause duquel nous avons été expulsés du paradis terrestre. La question de la connaissance du bien et du mal.
L’ennemi imaginaire
Nous avons désormais un bel ennemi extérieur, effrayant à souhait, et tellement bien venu pour resserrer nos rangs et faire taire les grincheux. Mais ce n’est pas le seul dans la palette des épouvantails utiles. De loin pas! On ne peut plus tourner le bouton de la radio sans tomber sur quelqu’un vous parlant de la «menace russe». Personne ne se demande si cette menace existe réellement: ce point est considéré comme acquis et n’est donc jamais examiné en lui-même. Certes, les gens ne sont pas toujours d’accord entre eux. Certains voudraient envoyer des troupes en Ukraine, d’autres non. D’autres encore parlent d’«économie de guerre»: où trouver l’argent? Mais il y a une ligne rouge que personne ne franchit jamais: celle, effectivement, qu’on franchirait si l’on disait que la «menace russe» n’existe pas, sinon dans la tête de ceux qui en parlent: en d’autres termes que c’est un pur produit de […]