«Il faut, avant tout, que l’historien soit libre dans ses opinions, qu’il ne craigne personne, qu’il n’espère rien. Autrement, il ressemblerait à ces juges corrompus qui, pour un salaire, prononcent des arrêts dictés par la faveur ou la haine. (…) L’unique devoir de l’historien, c’est de dire ce qui s’est fait (…), et négliger tout le reste ; en un mot, la seule règle, l’exacte mesure, c’est de n’avoir pas égard seulement à ceux qui l’entendent, mais à ceux qui, plus tard, liront ses écrits (…), ne s’inquiétant pas de ce que dira tel ou tel, mais racontant ce qui s’est fait. (…) Il vaut mieux, prenant la vérité pour guide, attendre sa récompense de la postérité que se livrer à la flatterie pour plaire à ses contemporains. Telle est la règle, tel est le fil à plomb d’une histoire bien écrite.» — Lucien de Samosate, De la manière d’écrire […]
Transversale de la terreur (2)
Nous l’avons relevé la semaine dernière: si la destruction de Gaza n’est pas un génocide délibéré, ce n’est pas non plus une guerre ordinaire. Tout au plus, une guerre asymétrique à fronts renversés où c’est le camp du plus fort et du mieux armé qui recourt à l’arme du faible: la terreur. Par-delà l’indignation légitime qu’elle suscite dans le monde, elle nous en dit long sur cette fraction de l’humanité qui l’alimente et la soutient, activement ou tacitement. Exergue: le loup et les deux agneaux La tradition nous rapporte que le grand médecin arabe Avicenne (Ibn Sina), un des pères de la médecine holistique, avait élevé deux agneaux de même âge dans deux cages séparées, et selon un régime alimentaire identique. La seule différence était qu’un des deux agneaux avait vue sur un enclos dans lequel se trouvait un loup. L’agneau qui ne voyait pas le loup se développa normalement […]