« Lucifer parlait au roi de la bourse, un pitoyable petit vieux tout maigre dont le visage faisait penser à un antique masque de cuivre. Les taches vertes et brunes de ses joues accentuaient la ressemblance. Lucifer parla du veau d’or, du culte de Mammon, de la soif de richesses et des délices qu’il saurait insuffler à l’humanité. Le vieillard l’écouta, puis il lui dit : — Ce discours du matérialisme brutal que vous tenez m’est étranger. Nous sommes des spiritualistes, défenseurs des idées, fervents apôtres de l’idéalisme. Nous sommes les puritains de la nouvelle morale, de la morale mathématique simplifiée de l’offre et de la demande, de la vente et de l’achat… Je ne me nourris moi-même que de fruits, de lait, de légumes et de chocolat. Nous sommes les pauvres gardiens des trésors, les maîtres des richesses. Nous sommes les organisateurs du chaos. Notre royaume n’est ni concret ni matériel. […]
Des tribunaux en guerre contre l’intelligible
Pour avoir rappelé une évidence biologique, un humble réparateur d’instruments de musique finit au trou. Cela ne se passe pas dans l’URSS du temps de Soljenitsyne, mais dans l’Helvétie du XXIe siècle. Après le cas Soral, l’affaire Brünisholz confirme l’instauration d’une «variante alpine du soviétisme». Dont les conséquences pour l’édifice juridique sont cataclysmiques.