Ce sera Pâques pour les chrétiens d’Occident et le dimanche des Rameaux pour les orthodoxes lorsque cette édition de l’Antipresse vous parviendra. Nous déclarons donc la trêve en ces semaines saintes, nous arrêtons un instant le sombre chariot des affaires du monde et nous remplaçons le brouhaha des tweets et des télégrammes par une musique sans malice et sans pesanteur. Je propose le Carnaval des animaux, de Camille Saint-Saëns. En honneur, bien entendu, de l’ânesse qui porta le Christ dans la ville de Jérusalem et de toutes les bêtes qui sans nous juger ont prêté leur échine à nos peines, nos vices et nos exploits, jusqu’à porter Dieu lui-même vers son destin.
Différer l’effondrement
Pour expliquer les bruits de bottes actuels en Europe occidentale, on évoque volontiers, afin de les banaliser, le précédent de la guerre froide, qui s’est achevé en 1989 avec la chute du mur de Berlin. En réalité, la comparaison ne mène pas très loin. On peut la tenter, mais ce sont surtout alors les différences qui retiennent l’attention.