Pain de méninges
De l’imposture publicitaire à l’imposture totalitaire
«Ne pas se dresser contre l’imposture, ne pas la dénoncer, c’est se rendre coresponsable de son éventuelle victoire. Plus insidieuse, l’imposture publicitaire n’est pas, à la longue, moins dangereuse que l’imposture totalitaire. Par des moyens différents, l’une et l’autre détruisent l’existence d’un espace public de pensée, de confrontation, de critique réciproque. La distance entre les deux, du reste, n’est pas si grande, et les procédés utilisés sont souvent les mêmes.» — Cornélius Castoriadis, «L’industrie du vide» (contre BHL), Le Nouvel Observateur, 9.7.1979.
L la droite méprise l’environnement et la culture
«Non seulement j’ai la fibre écologiste, mais je ne comprends pas pourquoi la droite ne s’empare pas du sujet de l’écologie. L’écologie est profondément une attitude de droite. Car qu’est-ce que la mission de la droite, si ce n’est l’enracinement, la préservation de nos paysages intimes? Comment la droite peut-elle défendre le glyphosate? Dans mon livre Quand les abeilles meurent, les jours de l’homme sont comptés, je militais pour l’interdiction du Gaucho et du Régent, deux insecticides ultra-puissants tueurs d’abeilles. A l’époque toute la droite était contre moi. La droite pense qu’on ne peut pas défendre en même temps la liberté du marché et l’écologie. Je suis pour la liberté d’entreprendre, le Puy-du-Fou en est la preuve, mais aussi pour la préservation des écosystèmes. Le drame de la droite, c’est qu’elle a abandonné la culture, l’éducation et l’écologie à la gauche.» — Philippe de Villiers, FigaroVox, 12.12.2017.
Guerre à l’intimité!
«Saul Karoo se prenait pour un nouveau Clausewitz doté d’une compréhension exhaustive de toutes les guerres à venir. Et sa théorie était la suivante. Désormais, toutes le guerres ne seraient plus tournées que vers la destruction de l’intimité. Les guerres, grandes ou petites, civiles ou pas, étaient des attaques collectives contre la vie privée. Il faudrait encore de très nombreuses années avant que l’humanité soit totalement libérée du joug de l’intimité et que le souvenir de son existence même soit effacé.» — Steve Tesich, Karoo (éditions Monsieur Toussaint Louverture)
L’illusion des illusions
«Par conséquent, nous devons abandonner sans détour l’idée selon laquelle l’Homme tel qu’il existe est capable d’un progrès véritable. Il y aura toujours une illusion de progrès car dès que nous sommes conscients d’un mal, nous y remédions, et donc il nous semblera toujours que nous progressons, en oubliant que la plupart des maux que nous voyons sont les effets — finalement devenus saillants — de longues régressions passées inaperçues; en oubliant que nos pseudo-remèdes peinent à regagner complètement le terrain perdu; en oubliant surtout que sur les lignes le long desquelles nous déclinons, le bien est devenu le mal à nos yeux, et est défait au nom du progrès exactement de la même façon que le mal est défait et remplacé par le bien sur les lignes le long desquelles nous évoluons. C’est là, en effet, l’illusion des illusions.» — George Bernard Shaw, The Revolutionist’s Handbook and Pocket Companion.
Une religion-corps de garde
«Si un corps de garde pouvait être religieux, l’Islam paraîtrait sa religion idéale: stricte observance du règlement, revues de détail et soins de propreté, promiscuité masculine dans la vie spirituelle comme dans l’accomplissement des fonctions religieuses; et pas de femmes. (…) Ils compensent l’infériorité qu’ils ressentent par des formes traditionnelles de sublimations qu’on associe depuis toujours à l’âme arabe : jalousie, fierté, héroïsme.» — Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques.
De la vaccination
«Parlé, avec la sage-femme, de la vaccination, qui est, paraît-il, exigée par la loi, car toute liberté décampe. J’exprime fortement, quoique inutilement, mon horreur pour cette ordure, dont l’humanité s’est si bien passée, jusqu’au dernier siècle, et dont l’Angleterre nous gratifia. Le courant moderne est, d’ailleurs, aux inoculations de tout genre. On finira par putréfier les petits enfants de quarante sortes de vaccins.» — Léon Bloy, Le Mendiant ingrat (1892-1895), pp. 415-416.
Approximations de la langue journalistique
«Le maniement très approximatif des petits mots grammaticaux est un trait de langue journalistique dont on pourrait donner mille exemples. Il atteint de plus en plus fréquemment “y” et “en”. Ne sachant pas ce que sont ces termes ni à quoi ils peuvent servir, les journalistes les traitent comme des particules de renforcement, des petits mots vides de sens. Alors, s’il ne leur viendrait pas à l’idée de dire que “le député l’interroge la ministre” ou de parler du “film que la critique l’a encensé lors de sa sortie”, ils ne ressentent en revanche aucun embarras en disant qu’au Brésil, les enfants défavorisés “sont heureux d’aller à l’école où ils s’y font des amis”.» — Ingrid Riocreux, La Langue des médias, p. 117.
Prendre la Bastille des mots
«On dit que l’internet offre une alternative, et ce qui est merveilleux avec les esprits rebelles sur le web, c’est qu’ils font souvent le travail que les journalistes devraient faire. Ce sont des dissidents dans la tradition des trublions tels que Claud Cockburn, qui a dit : “Il ne faut croire en rien avant que ce ne soit officiellement démenti”. Mais l’internet est toujours une sorte de samizdat, un underground, et la majorité de l’humanité n’est pas connectée, tout comme la plupart ne possèdent pas de téléphone portable. Mais le droit de savoir devrait être universel. Tom Paine, autre grand trublion, a averti que si la majorité des gens se voyaient privés de vérité, il serait alors temps de prendre d’assaut ce qu’il appelait la “Bastille des mots”. Ce temps est arrivé. — John Pilger, grand reporter, avril 2006.
C’est la société qui périt
«On veut nous faire croire que nous sommes dans un âge communautaire où l’individu doit périr pour que la société vive, et nous ne voulons pas voir que c’est la société qui périt pour que vivent les tyrans.» — Irène Némirovsky, Suite française (1940-1941)