«Il avait toujours cru que l’amour, en tant que force de la nature, était indestructible; et que, quand il était menacé, on pouvait le protéger, le calfeutrer, l’envelopper d’ironie. A présent, il en était moins convaincu. La Tyrannie s’était tellement perfectionnée dans l’art de la destruction: pourquoi ne détruirait-elle pas aussi l’amour, délibérément ou non? La Tyrannie vous enjoignait d’aimer le Parti, l’Etat, le Grand Chef, le Peuple. Mais l’amour individuel — bourgeois et particulariste — vous détournait de ces grands «amours» nobles, insensés et impensants. Or en ces temps-là, il était toujours risqué d’être pleinement soi-même. Si on les terrorisait suffisamment, les gens devenaient autre chose, des choses diminuées, recroquevillées, de pures techniques de survie. De ce fait, ce n’était pas une simple anxiété qu’il éprouvait, mais souvent une peur bleue: la peur que l’amour vivait ses derniers jours.» — Julian Barnes, The Noise of Time, p. 87 (trad. […]
Au pays du soleil indolent, 2: l’uchronie
Le Japon n’est pas qu’une île à l’écart des continents. C’est une civilisation à la fois lointaine et intérieure à la nôtre, un Occident réconcilié. Voici encore un cahier d’observations naïves et émerveillées au fil de notre itinéraire japonais.

