«Il avait toujours cru que l’amour, en tant que force de la nature, était indestructible; et que, quand il était menacé, on pouvait le protéger, le calfeutrer, l’envelopper d’ironie. A présent, il en était moins convaincu. La Tyrannie s’était tellement perfectionnée dans l’art de la destruction: pourquoi ne détruirait-elle pas aussi l’amour, délibérément ou non? La Tyrannie vous enjoignait d’aimer le Parti, l’Etat, le Grand Chef, le Peuple. Mais l’amour individuel — bourgeois et particulariste — vous détournait de ces grands «amours» nobles, insensés et impensants. Or en ces temps-là, il était toujours risqué d’être pleinement soi-même. Si on les terrorisait suffisamment, les gens devenaient autre chose, des choses diminuées, recroquevillées, de pures techniques de survie. De ce fait, ce n’était pas une simple anxiété qu’il éprouvait, mais souvent une peur bleue: la peur que l’amour vivait ses derniers jours.» — Julian Barnes, The Noise of Time, p. 87 (trad. […]
L’union du trône et de l’autel
Projetons-nous un demi-siècle en arrière: l’Église officielle aurait-elle osé alors défendre l’homosexualité et condamner sa criminalisation? Non, bien sûr. Ce n’était pas dans l’air du temps ni prescrit par l’État. Or les Églises officielles sont très sensibles à l’air du temps. Ainsi qu’aux prescriptions de l’État…