Rétablir un début d’équilibre

par | 29.09.2019 | En accès libre, Laurent Schiaparelli, Thé d’Orient

Je ne lis plus les médias de masse depuis presque une décennie. Mon temps de cerveau disponible est trop précieux. J’étais pourtant avide de propagande atlantiste pendant des années: Financial Times, The Economist, Le Monde, Les Échos. Dès l’université, on m’avait dit que c’est ce que les puissants et les «gars dans le coup» lisaient. Je me disais qu’en lisant comme eux, je finirais logiquement par trouver mon prochain boulot dans les petites annonces de The Economist, le nec plus ultra pour le corporate slave occidental.

Puis mes activités m’ont amené à fréquenter les lecteurs assidus de ces publications. Une chose m’a immédiatement frappé: l’incapacité de mes interlocuteurs, des gens pourtant grassement rémunérés (i.e. considérés intelligents par le Système) et capables d’appréhender la complexité dans leur domaine de compétence, de regarder au-delà de l’analyse simpliste que servent les médias de masse sur des questions de géopolitique ou d’économie. J’étais en présence de banquiers incapables d’expliquer la crise financière de 2008 au-delà de la version officielle, tétanisés à l’idée de donner leur opinion sur l’affaire Kerviel et les lanceurs d’alerte dans la finance. Des diplomates qui recrachaient la propagande anglo-saxonne sur la dernière invasion démocratique américaine du moment, alors qu’ils avaient accès aux télégrammes diplomatiques de leur pays tous les matins. Des expatriés qui, à la pause de l’happy hour, ânonnent les analyses de leur quotidien favori, mais décrochent dès qu’un point de vue qu’ils n’ont pas déjà lu ou entendu dans un média agréé ou une conversation en ville surgit dans le débat.

Par déduction, j’ai compris que c’étaient ces médias que nous lisions tous, et que j’abandonnais progressivement, qui formataient les drones que je fréquentais. Ces médias n’étaient qu’une propagande premium pour les gagnants de la mondialisation: cette classe moyenne-supérieure mondialisée en costume-cravate-latte venti qui, tels des locustes se déplaçant au gré du vent, se répandent dans toutes les capitales économiques du monde, fats, repus, bronzés, connectés et persuadés d’être du bon côté du manche. Avec raison: il sont la garde prétorienne du 1 %.

Après un détour par la réinformation anglo-saxonne, la presse internationale russe, chinoise, iranienne même, après avoir passé au tamis à maillage étroit la sphère de la réinformation francophone, j’ai croisé la route d’un autre drone, celui de l’Antipresse.

Instinctivement, j’ai senti la gravité, au sens astronomique du terme, du média qui instille chez son lectorat la plus subtile des réinformations, celle qui n’a pas l’air d’en faire. La plume de ses contributeurs, de facture supérieure à ce qu’on trouve dans les médias français, m’a convaincu que c’était la manière de ramener une partie du lectorat francophone au bercail. Des analyses anticonformistes, énoncées de belle manière, qui battent à plates coutures la dépêche de l’AFP, les éditos germanopratins et une grande partie de ce que produit la sphère de réinformation française. C’est ce positionnement hybride qui m’a séduit: redonner aux lecteurs leur sens critique tous azimuts par la redécouverte d’une littérature oubliée, par le maniement expert de la langue française, loin des polémiques et des attaques frontales, le clash, dont raffolent les médias français sans faire avancer le Schmilblick.

Avant d’entrer dans le combat des idées, et la nécessaire redéfinition de la civilisation européenne, il nous faut retrouver le trousseau de clés qui ouvrent les portes des idées et des concepts énoncés il y a des siècles par nos sages. «Les hommes ignorants posent des questions auxquelles des sages ont répondu il y a mille ans», disait Goethe.

Au sujet de l’Asie et particulièrement de la Chine, j’écris dans l’Antipresse parce que la Chine est devenue trop importante au sein de l’économie et la géopolitique mondiales pour qu’on laisse le champ libre aux calomniateurs, élucubrateurs et agents de tous bords pour façonner l’opinion publique sur ce sujet qui lui paraît lointain, mais la concerne chaque jour un peu plus, qu’elle en ait conscience ou pas.

Il suffit de voir ce qu’on nous a dit sur l’Irak, la Libye, l’Ukraine et la Syrie pour qu’on ne se laisse pas berner une nouvelle fois au sujet de la Chine. J’estime essentiel de contribuer à rétablir un début d’équilibre et de neutralité au sujet de ce grand pays, complexe et constamment caricaturé dans les médias. Parce que la Chine se définit elle-même comme communiste, on lui attribue tous les maux du stalinisme et du bolchevisme, pour la critiquer, la sanctionner et tenter de la faire rentrer dans le rang de la démocratie libérale occidentale.

Je remercie l’Antipresse de donner à des gens comme moi cette opportunité d’exprimer une voix dissonante.

  • Article de Laurent Schiaparelli paru dans la rubrique «Thé d’Orient» de l’Antipresse n° 200 du 29/09/2019.

On peut aussi lire…

This category can only be viewed by members. To view this category, sign up by purchasing Club-annuel, Nomade-annuel or Lecteur-annuel.

Le grand carnaval

Nous venions de passer le mardi gras lorsque l’on apprenait la mort du prisonnier Navalny. Huit jours plus tard survenait le deuxième anniversaire de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine. De quoi entretenir la farandole carnavalesque jusqu’à Pâques et au-delà.

L’ANTIPRESSE EST UN ANTIDOTE À LA BÊTISE AMBIANTE

Déjà abonné(e)? Je me connecte.

Pas encore membre? Je m’abonne!

Je veux en savoir plus? Je pose des questions!

L’effondrement (3)

Ce qu’il y a d’intéressant dans le développement actuel, c’est la symétrie observable entre politique intérieure et extérieure. Les deux vont de pair. D’un côté, un bellicisme virant de plus en plus à l’hystérie, de l’autre une accélération de la dérive autocratique.

L’ANTIPRESSE EST UN ANTIDOTE À LA BÊTISE AMBIANTE

Déjà abonné(e)? Je me connecte.

Pas encore membre? Je m’abonne!

Je veux en savoir plus? Je pose des questions!

L’école des terroristes: les prémices de la Révolution russe

La révolution d’Octobre en Russie fit officiellement basculer le monde dans l’ère totalitaire. Elle fut précédée d’une intense lutte politique, sociale et idéologique dont le terrorisme fut l’un des fers de lance. Un «témoin de l’histoire», imaginé par un romancier russe, a livré la psychologie des jeunes militants qui se sacrifièrent pour l’instauration d’un rêve de liberté qui finit en cauchemar. Est-ce un hasard si le roman portait en sous-titre «le livre des fins»?

L’ANTIPRESSE EST UN ANTIDOTE À LA BÊTISE AMBIANTE

Déjà abonné(e)? Je me connecte.

Pas encore membre? Je m’abonne!

Je veux en savoir plus? Je pose des questions!

Pologne, entre rébellion et servitude

S’il existe encore de vraies figures de dissidents en Europe, Mateusz Piskorski en fait indubitablement partie. Ce professeur et homme politique polonais a payé ses convictions par la prison dans la Pologne dite démocratique. Dans cet entretien réalisé par Alexandra Klucznik-Schaller voici quelques semaines, il livre un regard franc et décentré sur la Pologne, la démocratie moderne, la Russie et l’empire anglo-saxon — et, par-dessus tout, sur cette servitude volontaire qui caractérise les élites européennes au XXIe siècle.

L’ANTIPRESSE EST UN ANTIDOTE À LA BÊTISE AMBIANTE

Déjà abonné(e)? Je me connecte.

Pas encore membre? Je m’abonne!

Je veux en savoir plus? Je pose des questions!

L’effondrement

L’historien et anthropologue Emmanuel Todd, qui avait prédit avec quinze ans d’avance la chute de l’URSS, vient de publier *La défaite de l’Occident*. Il y livre un diagnostic plus profond encore que ce que promet le titre ou le sujet initial de son essai: l’échec total de l’OTAN en Ukraine.

L’ANTIPRESSE EST UN ANTIDOTE À LA BÊTISE AMBIANTE

Déjà abonné(e)? Je me connecte.

Pas encore membre? Je m’abonne!

Je veux en savoir plus? Je pose des questions!

L’armée suisse présente son trou noir

Non, ce n’est pas une arme secrète, c’est juste l’armée suisse qui se met à la page: comme tout le monde, elle a désormais son ministre au féminin et son gouffre sans fond. On découvre en effet avec stupeur qu’il manque un milliard de francs dans son budget. Mais ce n’est pas un drame.

L’ANTIPRESSE EST UN ANTIDOTE À LA BÊTISE AMBIANTE

Déjà abonné(e)? Je me connecte.

Pas encore membre? Je m’abonne!

Je veux en savoir plus? Je pose des questions!

Silence et malveillance

Avec plus de cent livres et 2000 articles, Alain de Benoist est de loin l’auteur français le plus fertile et le plus érudit de ce dernier demi-siècle. Il possède aussi l’une des plus grandes bibliothèques au monde. Que la culture officielle et les médias aient pu occulter ce penseur d’envergure universelle en dit long sur la santé du système. Le chaleureux ouvrage que lui consacre François Bousquet remet l’auteur à l’endroit et les pendules à l’heure.

L’ANTIPRESSE EST UN ANTIDOTE À LA BÊTISE AMBIANTE

Déjà abonné(e)? Je me connecte.

Pas encore membre? Je m’abonne!

Je veux en savoir plus? Je pose des questions!

Le choix de tout savoir

On ne dira bien sûr pas que les services spéciaux occidentaux se fichent complètement du terrorisme et de la lutte contre le terrorisme, à cette nuance près qu’il leur sert de prétexte pour légitimer la surveillance de masse. Ce serait très exagéré…

L’ANTIPRESSE EST UN ANTIDOTE À LA BÊTISE AMBIANTE

Déjà abonné(e)? Je me connecte.

Pas encore membre? Je m’abonne!

Je veux en savoir plus? Je pose des questions!

Perspectives stratégiques 2024

Après avoir correctement analysé et prédit le déroulement de la guerre d’Ukraine, notre analyste stratégique Bernard Wicht livre quelques réflexions prospectives sur ce qui nous attend dans l’année en cours. À mettre de côté pour plus tard, méditer, contester…

L’ANTIPRESSE EST UN ANTIDOTE À LA BÊTISE AMBIANTE

Déjà abonné(e)? Je me connecte.

Pas encore membre? Je m’abonne!

Je veux en savoir plus? Je pose des questions!

Les services spéciaux comme dernier recours

D’une manière générale, le régime occidental est en proie à un très grand nombre de tensions, tensions auxquelles il aurait peine à survivre si les services spéciaux n’étaient justement là pour les contenir. Se substitueraient-ils, en fin de compte, au régime lui-même?

L’ANTIPRESSE EST UN ANTIDOTE À LA BÊTISE AMBIANTE

Déjà abonné(e)? Je me connecte.

Pas encore membre? Je m’abonne!

Je veux en savoir plus? Je pose des questions!

La déscolarisation et ses suites

Le niveau scolaire s’effondre dans nos pays: il devient très difficile de le nier. Un jour, l’onde de choc de cet effondrement balaiera l’Occident. D’ici là, nos bonnes autorités font tout leur possible pour détourner notre attention du phénomène et davantage encore de ses causes.

L’ANTIPRESSE EST UN ANTIDOTE À LA BÊTISE AMBIANTE

Déjà abonné(e)? Je me connecte.

Pas encore membre? Je m’abonne!

Je veux en savoir plus? Je pose des questions!

L’Antidote!

Chaque dimanche matin dans votre boîte mail, une dose d’air frais et de liberté d’esprit pour la semaine. Pourquoi ne pas vous abonner?

Nous soutenir