«Parfois, au cœur même de la vie active, je sens brusquement que tout s’en va, que les choses quittent le monde, que les hommes se quittent les uns les autres. Alors je retourne à ma solitude, la vraie patrie de ma conscience. Ma solitude, ce n’est pas le silence et l’immobilité de la nuit aveugle, c’est le sanglot et le cri de joie de tous les destins humains et de toutes les exigences de la vie, depuis les débuts du monde jusqu’à aujourd’hui. C’est la rotation tourbillonnante d’innombrables soleils en face desquels celui qui nous chauffe n’est qu’un jouet, c’est le bourdonnement d’un million de cloches cosmiques dont les planètes sont les balanciers. Et à travers cet univers sans fin et sans nom est plantée, pareille à une colonne, du sommet jusqu’à la base, une épée de lumière — ma conscience.» — Ivo Andrić, Signes au bord du chemin, éd. […]
Des tribunaux en guerre contre l’intelligible
Pour avoir rappelé une évidence biologique, un humble réparateur d’instruments de musique finit au trou. Cela ne se passe pas dans l’URSS du temps de Soljenitsyne, mais dans l’Helvétie du XXIe siècle. Après le cas Soral, l’affaire Brünisholz confirme l’instauration d’une «variante alpine du soviétisme». Dont les conséquences pour l’édifice juridique sont cataclysmiques.