«En voulant justifier des actes considérés jusque-là comme blâmables, on changea le sens ordinaire des mots. L’audace irréfléchie passa pour un courageux dévouement à l’hétérie; la précaution prudente pour une lâcheté qui se couvre de beaux dehors. Le bon sens n’était plus que le prétexte de la mollesse, une grande intelligence, qu’une grande inertie. La violence poussée jusqu’à la frénésie était considérée comme le partage d’une âme vraiment virile; les précautions contre les projets de l’adversaire n’étaient qu’un honnête prétexte contre le danger. Le violent se faisait toujours croire; celui qui résistait à ces violences se faisait toujours soupçonner. Dresser des embûches avec succès était preuve d’intelligence; les prévenir, d’habileté plus grande. Quiconque s’ingéniait à ne pas employer ces moyens était réputé trahir le parti et redouter ses adversaires. En un mot, devancer qui se disposait à commettre un mauvais coup, inciter à nuire qui n’y songeait pas, cela valait […]
Au pays du Soleil indolent
Le Japon est-il le laboratoire ultime de l’utopie technologique ou une preuve de résistance à l’extinction des traditions et des identités? C’est l’interrogation qui m’a animé tout au long de ce voyage. Je ne prétends pas y apporter de réponse, mais je peux proposer un chemin de méditation. Qui, dans ce pays d’ombres et de lumières, s’incarne forcément aussi en images.

