Il y a urgence climatique dit-on. Clameur oppressante s’il en est puisque justement tel est son sens premier, venant du latin urgeo signifiant le fait d’exercer une pression physique. Chacun sait qu’une force est nécessaire au pressoir, une force d’autant plus efficace qu’elle s’applique aux surfaces planes ou aux volumes confinées. L’urgence aplatit, égalise et encaisse. Son dieu étrusque était Orcus, à la gueule béante et torve, un nom issu directement de l’indo-européen **u̯erg- ou *werǵʰ- («tordre»). Orcus avalait les âmes en affichant son rictus (lat. ringor, «tordu»), tel un ogre et les compressaient comme des sardines en un vase-caisson, son arche des morts. On pense à tort que l’urgence accélère. Intrinsèquement elle fige, elle écrase, elle ratatine. A moins qu’elle se meuve en colère assassine, comme le rappellent ses dérivés wracu, la «vengeance» des Saxons, würger l’«étrangleur» des Allemands, vrah le «meurtrier» slave, vrag (враг) l’«ennemi» des Russes. L’urgence inquiète (angl. worry). L’urgence est un tourment. Article de Arnaud Dotézac paru dans la rubrique «Sur ces mots» de l’Antipresse n° 210 du 08/12/2019. Observe. Analyse. Intervient.L’Antipresse ne dort jamais. Restons en contact! J’y vais! Merci! […]
La planète du chaos
Quand on vous parle de guerre, vous pensez à l’Ukraine ou à Gaza. Et si le champ de bataille, en fin de compte, c’était la Terre entière? Et si toutes nos économies étaient en voie de «militarisation»?