Sur ces mots

Des grives sans plumage ni fromage

Il en va des «grives» comme au «Griveaux»:  les «griveleux» les braconnent et les «grivoises» les piègent. Il était prévenu, pourtant, l’oiseau des campagnes électorales, le «chevalier grivelé» de l’Élysée. Mais rien n’y fit. L’avidité bien connue des grives à piller les vignes (qui nous a donné le délit de «grivèlerie»), aura marqué le Griveaux jusqu’au ramage. Le voilà dénudé, sans plumage ni fromage. Reste à savoir par quel renard il «jura mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus». Article de Arnaud Dotézac paru dans la rubrique «Sur ces mots» de l’Antipresse n° 220 du 16/02/2020.

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Clarifions pour clamer ce qu’on doit déclarer

Fidèle au poste, Slobodan Despot intervenait dimanche dernier aux «Beaux parleurs», émission de grande écoute de la Radio Suisse romande. Il y interpella notamment, sous l’angle moral, le journaliste alémanique et invité du jour, Philippe Reichen, sur la publication, dans son dernier livre, de fuites judiciaires, couvertes par le secret de l’instruction. En Suisse, les sources journalistiques étant plutôt bien protégées, Reichen ne prit aucun risque à répondre tout de go que: «si ça permet de clarifier les choses, j’trouve plutôt bien». «Clarifier», un mot qui sonne comme un «clairon». Se souvient-il que clarus désignait à l’origine le tonnerre, le bruit retentissant ou encore la convocation solennelle (calo), dans la lignée indo-européenne de *Kel (bruit produit par un coup, appel). A-t-il idée que la clarigatio désignait en son temps la «réclamation» de son dû à l’ennemi, sous peine de représailles? Il y a quelque chose de dur et sonore, au […]

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Le stylo

Le stylo-encre applique en joie son tracé nuancé, de pleins et de déliés. Il stimule autant l’écriture distinguée qu’il instigue à bien lire. Telle est la magie des plumes: qu’elles soient d’oie ou de corbeau, de Parker ou Sergent-Major, elles aiguillonnent (all. stachel) maints auteurs, autrement qu’un clavier. Elles les pousse à piquer (angl. sting) leur beau papier en y fichant *(all. *stecken) leur style (syn. « poinçon »). Toute la culture est tramée de ces points (gr. stigmai), qui figent aussi l’instant (gr. stigmi), depuis les temps indo-européens où *steig-* disait «piquer», «pointu». De là découlent nos Lettres, dont on sent bien, *instinctivement, qu’elles survivront encore à l’extinction des feux. Article de Arnaud Dotézac paru dans la rubrique «Sur ces mots» de l’Antipresse n° 211 du 15/12/2019.

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Urgences!

Il y a urgence climatique dit-on. Clameur oppressante s’il en est puisque justement tel est son sens premier, venant du latin urgeo signifiant le fait d’exercer une pression physique. Chacun sait qu’une force est nécessaire au pressoir, une force d’autant plus efficace qu’elle s’applique aux surfaces planes ou aux volumes confinées. L’urgence aplatit, égalise et encaisse. Son dieu étrusque était Orcus, à la gueule béante et torve, un nom issu directement de l’indo-européen **u̯erg- ou *werǵʰ- («tordre»). Orcus avalait les âmes en affichant son rictus (lat. ringor, «tordu»), tel un ogre et les compressaient comme des sardines en un vase-caisson, son arche des morts. On pense à tort que l’urgence accélère. Intrinsèquement elle fige, elle écrase, elle ratatine. A moins qu’elle se meuve en colère assassine, comme le rappellent ses dérivés wracu, la «vengeance» des Saxons, würger l’«étrangleur» des Allemands, vrah le «meurtrier» slave, vrag (враг) l’«ennemi» des Russes. L’urgence inquiète (angl. worry). L’urgence est un tourment. Article de Arnaud Dotézac paru dans la rubrique «Sur ces mots» de l’Antipresse n° 210 du 08/12/2019.

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Les limaces et l’oubli

La manifestation parisienne des Frères Musulmans du 10 novembre visait-elle à oblitérer le souvenir des attentats religieux du Bataclan, du 13 novembre? Les Frères auraient-ils compris que, de nos jours, l’info qui s’impose en «Une» met les suivantes à l’oubli? On ne saurait mieux dire en se rappelant qu’oblivion (synonyme d’ancien français toujours en usage outre-Manche), procède du latin oblīvīscor, lequel portait le sens d’un acte d’«effaçure» volontaire, par frottement et lissage, lui-même contenu dans ob–lēvis racine latine de l’oubli(1). Autrement dit, cette étymologie nous confirme que l’oubli, ça s’active. Il ne procède donc pas tant d’une perte de mémoire, que d’un calandrage des esprits. Et si vous savez bien pommader le tout, vous obtiendrez ce beau ralliement contre l’Islamophobie. Pour le Bataclan, ce seront donc les redoutées oubliettes médiatiques, au mieux la léthargie des nounours et sucres d’orge. Car c’est bien de la source Lêthê que coulent de nos jours les gros titres. Le succès du moindre effort en somme, cher à tant d’esprits légers. N’est-il pas étonnant dès lors, que «légèreté» forme, justement, la racine profonde de l’oubli? Sa […]

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Harponnons le radicalisme

L’agent-tueur Harpon s’était donc «radicalisé». C’est ce concept de «radicalité» qui a fait basculer son crime de droit commun dans la qualification juridique du terrorisme, pris en charge par un procureur spécial. Il n’existe pourtant pas de définition pénale du «radicalisme».

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Antipresse: antibiotique ou antidépresseur?

C’est à Slobodan Despot que je dois d’écrire dans l’Antipresse. J’en suis honoré pour mille raisons.

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La foire aux trans

Les migrants transmigrent, les transgenres se transsexualisent, les actifs se transfèrent, les règles se transgressent, les métadonnées transhumanisent, l’écologie se prône en transition, le peuple exige la transparence, etc. N’y a-t-il pas dans ce préfixe trans-, tant scandé, comme un écho de transcendance, cette supériorité incontestable, qui tout surpasse? Les démocrates, eux, jouent l’immanence, pensant pouvoir « rester » (lat. maneo), comme ils sont, chez eux. Immanence et transcendance: vieux débat perdu d’avance, en vérité, pour l’immanence, dans la transe des sociétés transplantées. Article de Arnaud Dotézac paru dans la rubrique «Sur ces mots» de l’Antipresse n° 198 du 15/09/2019.

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Le dollar, cette monnaie qui semond

On glose beaucoup ces derniers jours sur la baisse des taux de 0,25 point de pourcentage, annoncée par la FED. C’est en effet cette institution qui décide souverainement de la politique monétaire des États-Unis et, partant, du reste du monde. Il est loin le temps où l’on frappait monnaie aux abords du temple voué à Juno Moneta («Junon prévenante») sur le Capitole; moneta y portait encore le sens de présage que la Déesse Junon pouvait dispenser, comme parfois nos rêves prémonitoires nous avertissent du futur. Car tel est le sens premier de la racine moneo (avertir, recommander, conseiller, blâmer, etc.) de l’indo-européen **men*, «penser». En tout cas, la décision de la Fed n’aura pas été le coup de semonce (de semondre) qu’espérait tant Donald Trump, lui qui rêvait d’en remontrer à la Chine grâce à des taux beaucoup plus bas. Le Dollar n’est-il pas cela: une monnaie-monition? Qui ne se plie à sa loi s’expose en effet à toutes sortes […]

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