L’info fonctionne à jet continu, et donc, le plus souvent, entre par une oreille et sort par l’autre. On a ainsi l’impression que le temps s’accélère. En fait le temps reste le même, ce qui change, c’est ce qu’il y a l’intérieur: de plus en plus d’infos, justement. Ensuite viennent les commentaires, et les commentaires sur les commentaires, etc. En fait rien ne se passe. Ce n’est même pas que ce qu’on raconte soit faux (encore, comme on le sait, que cela arrive assez souvent), mais tout simplement que cela n’a aucune importance. C’est comme si cela n’était pas arrivé.
La Suisse ou le pivot du monde (1)
Pendant plus de mille ans, l’Occident fut le centre du monde. Et ce centre avait un cœur d’où descendaient ses eaux et par où passaient ses routes capitales: la Suisse. Si la civilisation globale, comme l’a dit l’historien Nicolas Troubetzkoy, est une invention de *l’égocentrisme romain-germanique*(1), le bloc alpin peuplé par les Suisses a joué un rôle essentiel dans cette invention. Un pays doté d’une histoire et d’une personnalité aussi singulières peut-il se noyer dans le marasme ambiant? Ses propres dirigeants, aujourd’hui, semblent penser que oui. On peut juger leur empressement à s’autoeffacer un peu… prématuré.