A. L.: J’aurais dû parler du rôle que la radio a eu pour vous.
M.B.: C’était la grande époque de la radio, ça a été celle qui aurait pu faire de la France un pays immense, peut-être le premier pays du monde. La radio culturelle, en vingt ans, a fait des choses absolument phénoménales […] Et ce qui est le plus extraordinaire, c’est que, toute la France suivait, et progressait, et avançait, dans une connaissance de la vie, spirituelle, profonde, et que, des gens les plus simples, absorbaient, absorbaient, absorbaient, par exemple […] C’était absolument incroyable, c’était incroyable! Et, ils ont eu peur!
A. L.: Peur de quoi, selon vous?
M.B.: [rires étouffés] Que l’intelligence se diffuse!
A. L.: C’est dangereux, ça!
M.B.: Très dangereux et, et impardonnable! Donc la grille de programmes a été supprimée, du point de vue culturel, d’un coup, d’un coup, et voilà j’ai quitté la radio à ce moment-là; mais les vingt ans que j’ai passés là, je ne les oublierai jamais, c’est eux qui m’ont formé, moi je n’avais qu’un pauvre certificat d’études primaires, et je n’étais pas loin de l’imbécilité, et ces vingt ans m’ont formé […] C’est tout simple [de comprendre], il suffit de se donner la peine.
— Michel Bouquet, entretien sur France Culture, 9 octobre 2006 (via notre lecteur Jacques Faucher)