Vous parlez des «excès du judiciarisme», mais ce ne sont pas des excès, ce sont des extases. il y a longtemps que les démocraties ne savent plus repousser les rafales de demandes de droits particuliers et de protections catégorielles qui se soldent par des répressions et des persécutions. Elles ne savent plus se protéger contre l’assaut des plaintes. Il y a une exaltation d’ordre érotique perceptible dans ces phénomènes, et c’est pour cela que je parle de porte-plaintes comme on parle de porte-jarretelles; à cette différence près, d’ailleurs avantageuse, que le porte-plaintes peut, lui, être arboré par les deux sexes, ce qui s’accorde très bien avec l’effacement prochain des sexes et des genres dont tous les harkis du monde tel qu’il va se gargarisent. D’une manière plus générale, ce que vous me proposez de visiter, par votre question, c’est ce que j’appelle désormais le Département fusion-inquisition…
— Philippe Muray, Festivus Festivus (2005), p. 66.