[J’ai] la conviction que, malgré les apparences, le monde n’a jamais avalé autant de couleuvres qu’aujourd’hui. La communication n’est pas l’information, et l’information n’est pas la vérité. La médiatisation toujours accrue vide l’information de sa substantifique moelle jusqu’à l’atrophier, ce qui en facilite la manipulation. Pourquoi sinon s’arracherait-on les lobbyistes, attachés de presse et autres gourous de l’image?
La présente corruption de l’information provient en partie d’un phénomène de téléphone arabe électronique: les sources sont «validées» par reprise, les collecteurs d’informations se laissent abuser, les articles se multiplient sur leur seule foi et sont à leur tour considérés comme parole d’évangile. La vitesse à laquelle l’information doit être transmise au consommateur réduit le temps de vérification et favorise l’invention. La paresse atavique de nombreux journalistes, les plaisirs de la table, le talent des manipulateurs et l’impétuosité de la plupart des patrons de presse complètent les données de l’équation.
— John Le Carré, préface au Tailleur de Panama (2001)
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