Et si les footballeurs avaient un Q.I. d’huître?

par | 21.02.2016 | En accès libre, Jean-François Fournier, Presse-Citron

Je partageais un verre divin de Marie-Thérèse Chappaz avec des amis parmi lesquels deux éducateurs de haut niveau dans le sport professionnel. « Tu as vu le dérapage de Serge Aurier sur Periscope?» s’est enthousiasmé le premier, plutôt sport d’hiver. « Un truc de fou, a répondu le second, plutôt sport d’été. Je suis définitivement convaincu que les footballeurs ont un Q.I. d’huître…» Aurier? Periscope? Footballeurs? Quotient Intellectuel? Reprenons les choses tranquillement et par le bon bout.

1. Serge Aurier est un international ivoirien de 23 ans qui occupe le poste d’arrière-droit au Paris Saint-Germain, entreprise gérée par des intérêts qataris et no4 au classement des clubs de football les plus riches du monde.

  1. Periscope est une application qui offre à tout un chacun la possibilité de se transformer en petit studio de retransmission vidéo en direct. Il suffit d’avoir un smartphone et une connexion Internet. De nombreuses personnalités l’utilisent pour communiquer avec leurs fans. Dont ce joueur parisien, très populaire (75’000 abonnés Twitter).

  2. Les footballeurs? De violence en chantage, en passant par la prostitution et les insultes, ils nous ont habitués depuis quelques années à quitter les pages sports pour squatter les colonnes people ou même les chroniques judiciaires.

  3. Le Q.I. dans ce contexte? Je laisse ici la parole au regretté Pierre Desproges, ça se passe de commentaire: «Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s’abaisser à jouer au football…» (16 juin 1986, extrait des «Chroniques de la haine ordinaire»)

Maintenant, avec toutes les pièces du puzzle, on peut reconstituer cette affaire qui fait le buzz depuis une bonne semaine. Serge Aurier s’ennuyait ferme, et avec l’aide d’un ami, a donc débuté sur Periscope une session de questions-réponses avec certains de ses fans connectés. Il y a tenu des propos pour le moins dégradants à l’égard de ses coéquipiers (par exemple: moquerie sur le nez proéminent de Zlatan Ibrahimović), et, en jouant les gros durs vulgaires, a même adressé une injure homophobe – «c’est une fiotte!» – à son entraîneur Laurent Blanc, lequel fut pourtant à l’origine de son transfert chez le multiple champion de France.

A quelques jours d’un match de Ligue des Champions capital pour son club, il s’agit clairement là d’une grosse connerie (dixit Aurier), ou plutôt d’une bêtise abyssale qui n’est pas sans rappeler une autre vidéo du joueur, où il insultait copieusement l’arbitre d’un choc PSG-Chelsea: «Ici, c’est Paname, arbitre sale fils de pute!» Et dire que Serge Aurier affirmait la semaine dernière encore s’être excusé auprès des plus jeunes pour son mauvais exemple, et surtout, avoir retenu la leçon et ne plus se compromettre sur les réseaux sociaux!

Si vous êtes dans un jour de grande bonté, vous me direz sans doute: «Voilà le dérapage malheureux d’un athlète de 23 ans à peine, sportif d’élite soumis à d’énormes pressions et donc en partie au moins excusable…» Argument bon enfant que je balaierai aussi sec d’un inventaire ou d’un bestiaire à la Prévert: la sextape de Valbuena, l’affaire Zahia, l’agression de Motta par Brandao, les coups de pieds et de genoux de Joe Barton, la karaté made in Cantona, le coup de boule de Zizou, Suarez l’homme qui mord toujours trois fois, Pepe qui s’acharne sur Casquero à terre. Autant de moments – et la liste est non exhaustive – qui, lorsque je les ai évoqués, ont sidéré mes deux amis entraîneurs. «- Tu as hélas raison, dixit le premier. Ils ont un Q.I. d’huître ces gars-là!» «Généralise pas, tempère le deuxième. Dans un championnat lambda, y a au moins la moitié des joueurs qui sont des mecs clean et intelligents!»

Relisez le paragraphe précédent… Il n’y aurait donc aucun problème dans un sport où les sélectionnés d’une nation civilisée se partagent une prostituée mineure? Où Monsieur Benzema, l’avant-centre d’une grande équipe nationale participe à une tentative de chantage sexuel exercé à l’encontre de Monsieur Valbuena, l’ailier censé normalement l’alimenter en bons ballons, lequel a eu le tort de se filmer un jour avec sa copine? Aucun problème dans une discipline où l’on frappe un homme à terre, où l’on mord dans un adversaire comme dans un hot-dog de la cantine du stade? Aucun problème sur des terrains où l’insulte et l’intimidation sont reines?

Chacun se fera son idée de la question, mais une chose est sûre, comme le souligne un agent de joueurs français très connu, Christophe Mongaï, «aujourd’hui tout est visible, traçable.»

«Les clubs, les partenaires suivent tout ça de très, très près, ajoutait-il à nos confères de l’AFP. Il convient donc de ne jamais écrire des propos allant à l’encontre du club, de ses partenaires, de ses équipiers. Il ne faut jamais nuire à l’image du club.» Les footballeurs ont dès lors tout intérêt à grandir et vite, car au moment du recrutement, les organisations sportives qui les emploient font désormais des recherches complètes sur leurs cyber-performances. Quelques heures à peine après avoir signé un contrat avec la deuxième équipe du Barça, le dénommé Sergi Guardiola a été licencié pour avoir commis deux ans plus tôt des tweets pro-Real Madrid et clairement anticatalans.

«La culture foot n’est pas une vraie culture», m’a dit un jour Christian Constantin, président du FC Sion et souvent confronté à l’infantilisme chronique des joueurs. Une analyse que rejoignait ces derniers jours Daniel Riolo, journaliste spécialisé à RMC: «Serge Aurier a confié dans une interview que le «quartier» était plus important que tout dans sa vie… (Dans sa vidéo) il a montré ce qu’était sa culture…»

  • Article de Jean-François Fournier paru dans la rubrique «Presse-Citron» de l’Antipresse n° 12 du 21.2.2016.

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