Petit aperçu du jour peut-être pas si lointain où les investigations criminelles elles-mêmes seront outsourcées à des prestataires privés, des limiers de l’internet. Tom Shark termina la lecture de l’un des ouvrages de Karl Kraus, un écrivain autrichien connu et redouté pour ses talents de satiriste et de pamphlétaire. Une seule phrase lui restait gravée en mémoire : « Le diable est optimiste s’il pense pouvoir rendre les hommes pires qu’ils ne sont ». Il se remémora alors les titres de la presse du jour : Acte inhumain d’un criminel récidiviste ! L’horreur absolue ! L’émotion était palpable au sein d’une population qui ne comprenait ni n’acceptait plus désormais la réitération des infractions commises par des délinquants identifiés. Les psychiatres étaient une nouvelle fois la cible de tous les quolibets et les héros involontaires des pasquinades. Kraus lui-même s’en était moqué en son temps. Plus la barbarie prospérait et plus le citoyen était enclin à réduire […]
Des tribunaux en guerre contre l’intelligible
Pour avoir rappelé une évidence biologique, un humble réparateur d’instruments de musique finit au trou. Cela ne se passe pas dans l’URSS du temps de Soljenitsyne, mais dans l’Helvétie du XXIe siècle. Après le cas Soral, l’affaire Brünisholz confirme l’instauration d’une «variante alpine du soviétisme». Dont les conséquences pour l’édifice juridique sont cataclysmiques.