Mais le besoin de croire que certaines personnes savent réellement ce qu’elles prétendent savoir, et qu’elles peuvent ainsi leur épargner la peine de penser par elles-mêmes, est si bien enraciné dans le cœur des hommes, qu’au bout de peu de temps les soi-disant philosophes et gens à marottes devinrent plus puissants que jamais, et que peu à peu ils amenèrent leurs concitoyens à admettre toutes ces absurdes théories sur la vie, dont j’ai rendu compte au cours des chapitres précédents. En vérité je ne vois pas comment les Erewhoniens pourront être heureux, tant qu’ils n’auront pas réussi à comprendre que la raison non corrigée par l’instinct est chose aussi dangereuse que l’instinct non corrigé par la raison.
– Samuel Butler, Erewhon, trad. Valéry Larbaud. (Via Pascal Dober)