Il existe plusieurs formes plus douces de terreur de masse; par exemple, la stratégie du non-repos politique. Au pays de Totalitaria, l’individu est toujours pris dans une forme ou une autre de planification officielle. Il est toujours conscient du contrôle et de la surveillance, de l’espionnage, des puissances lorgnant à l’affût pour le poursuivre et le punir. Même les loisirs et les vacances sont accaparés par un programme officiel, des faits à apprendre, une réunion politique, un défilé. Le calme et la solitude n’existent plus. Il n’y a plus de temps pour la méditation, la réflexion, les souvenirs. L’esprit est pris dans un réseau de pensées et de plans officiels. Même les délices du silence que l’on choisit soi-même sont interdits. Chaque citoyen de Totalitaria doit se joindre aux chants et aux slogans. Et il est tellement pris dans cette activité constante qu’il perd la capacité de se rendre compte de ce qui lui arrive.
— Joost Meerloo, The Rape of the Mind: The Psychology of Thought Control, Menticide, and Brainwashing (1956), trad. SD.