La plus grande douleur qu’une personne puisse endurer n’est pas la faim, la pauvreté ou même la mort, mais l’amour dans un monde qui ne reconnaît pas son amour — donner complètement son cœur et ne recevoir que le vide et le silence en retour. En nous, nous portons une terrifiante contradiction: nous cherchons l’amour, mais nous le craignons; nous aspirons à la proximité, pourtant nous la fuyons; nous adorons l’autre, pourtant nous en doutons. Quelle absurdité est-ce, qui nous fait s’accrocher à ceux qui partent et négliger ceux qui restent? Je me demande: l’amour est-il un test de notre force ou une révélation de notre faiblesse? Et la solitude dont nous échappons n’est-elle rien de plus que la conséquence naturelle de tout amour qui n’a jamais été réciproque?
— Fiodor Dostoïevski, Les frères Karamazov