À la lumière de la loi absolue de charité du christianisme, nous avons fini par voir ce que nous ne pouvions voir auparavant: l’enfant autiste, trisomique ou autrement handicapé, par exemple, pour qui le monde peut rester une énigme perpétuelle, qui peut trop souvent causer de la douleur, mais qui ne procure peut-être qu’un charme ou un plaisir vague et fugace; les hommes et les femmes abandonnés, misérables ou brisés qui ont gâché leur vie; les sans-abri, les plus démunis, les malades, les malades mentaux, les handicapés physiques; les exilés, les réfugiés, les fugitifs; voire les criminels et les réprouvés. Rejeter, détourner le regard ou tuer l’un ou l’ensemble d’entre eux serait, dans un sens très concret, l’impulsion la plus purement pratique qui soit. Cependant, être capable de voir en eux non seulement quelque chose qui a de la valeur, mais aussi quelque chose qui est potentiellement divin, qui doit être chéri et adoré, est la capacité la plus rare et la plus noblement irréaliste qui ait jamais été engendrée dans l’âme humaine. (…) Nous nous trompons si nous doutons de la fragilité réelle de cette vision des choses: combien cette vérité, que seule la charité peut connaître, est insaisissable, combien ce mystère, que seule la charité peut pénétrer, est facile à oublier.
— David Bentley Hart, Atheist Delusions: The Christian Revolution and its Fashionable Enemies (Les illusions athées: la révolution chrétienne et ses ennemis à la mode), trad. SD.