Si, à force de discipline, on cherche à se rappeler des choses de la veille; englouties déjà dans la nuit, on découvre des merveilles. Car on perçoit alors la trace lumineuse laissée par le passage, par la transmission de ce que je n’ai plus, que j’avais encore il y a peu; et je me souviens aussi du lieu (du lieu temporel) où je savais encore; plus loin en moi, je découvre encore une sorte de forme remplaçant les choses qui m’ont échappé. Et si quelqu’un me raconte alors ces choses (étant entendu que je ne les ai pas fait ressurgir par moi-même; le cas du souvenir direct, dans sa simplicité, ne mérite pas qu’on s’y attarde) je puis dire: «Oui, ce dut être ainsi». Et cela justement parce que ce qu’on me raconte se coule immédiatement dans la forme qui subsistait en moi… Mais lorsqu’on se souvient ou lorsqu’on veut […]
Camus et la sauvagerie nucléaire
Pendant que les médias de grand chemin se livraient à des commentaires «enthousiastes» sur le massacre d’Hiroshima, Albert Camus prenait une fois de plus le contrepied des illusions suicidaires. Il nous aura fallu, peut-être, quatre-vingts ans de distance pour comprendre la gravité de ses mises en garde.