Pain de méninges
L’ordre et le sommeil
Les hommes sont à la fois libres et noués, plus libres qu’ils ne le souhaitent, plus noués qu’ils ne le discernent, la foule des mortels se composant de somnambules et l’ordre n’ayant jamais intérêt à ce qu’ils sortent du sommeil, parce qu’ils se rendraient ingouvernables. L’ordre n’est pas l’ami des hommes, il se borne à les régenter, rarement à les policer, plus rarement encore à les humaniser. L’ordre n’étant pas infaillible, c’est à la guerre qu’il appartient un jour de réparer ses fautes, et l’ordre les multipliant de plus en plus nous allons à la guerre, la guerre et l’avenir semblent inséparables. — Albert Caraco, Bréviaire du Chaos.
Trahison céleste
Lorsqu’il arrive qu’un être fait pour la vie spirituelle et qui s’y est déjà consacré, passe — avec armes et bagages — dans le camp opposé, dans le monde de la vie extérieure et matérielle, cela représente pour la vie de l’esprit une perturbation énorme, quelque chose d’aussi grave qu’un cataclysme géologique pour la terre. C’est un grand dommage pour l’un et l’autre des deux ordres et un désastre sans pareil pour l’individu. Mais le pire de ce qui l’attend dans cette nouvelle vie où chaque heure est un enfer à part entière, consiste en ceci: cet homme cherche à introduire dans la vie extérieure, inconsistante et absurde, les critères et la logique d’un ordre spirituel. On peut imaginer la dysharmonie infernale que représente une telle vie. L’homme plane et se morfond dans ses peines, broyé entre deux meules géantes, entre ce qui n’est plus et ce qui ne peut […]
Autoéducation
Par quel miracle la volonté de puissance des gouvernements cédera-t-elle d’elle-même le pouvoir à des masses que rien n’aura préparé à l’exercer ? Quelle dictature se donnerait pour but l’éducation de la liberté ? La seule éducation qui la... lire plusLe pacte diabolique
Les premiers chrétiens savaient très bien également que le monde était régi par des démons et que l’individu qui se compromettait avec la politique, c’est-à-dire avec les moyens de la puissance et de la violence, concluait un pacte avec des puissances diaboliques; il... lire plusQuand repenserons-nous le monde?
La Révélation nouvelle a beau nous sembler plus que nécessaire, il faut auparavant que le scandale éclate et que nos idées meurtrières épuisent leur démence en exhalant leur malfaisance, nous n’éluderons pas la catastrophe, elle est dans l’ordre et nous en sommes les... lire plusUne sorte d’interdiction de penser
Il ne faudra pas attendre longtemps après l’an 2000 pour que le monde ait à vivre des choses étranges. La plus grande partie de l’humanité sera sous l’influence de l’Ouest. On verra apparaître, venant d’Amérique, une sorte d’interdiction de penser, non pas directe mais indirecte, une loi qui aura pour but de réprimer toute pensée individuelle. On assistera à une nouvelle forme d’oppression généralisée de la pensée. — Rudolf Steiner, 4 avril 1916.
Le réel effacé par le numérique
La culture numérique a sa propre métaphysique. Elle vous dit que vous pouvez être n’importe qui et n’importe quoi, que votre volonté est, ou devrait être, dégagée de l’histoire, de la matérialité ou de toute contrainte non choisie. En ce sens, il s’agit de... lire plusLa multiplicité de nos vies
De même que les rêves de notre vie terrestre constituent un état pendant lequel nous vivons d’impressions, de sentiments, de pensées appartenant à notre vie antérieure et faisons provision de forces pour le réveil, pour les jours à venir, toute notre vie... lire plusLa connaissance est un chagrin
Il y a une sorte de tristesse qui vient du fait d’en savoir trop, de voir le monde tel qu’il est vraiment. C’est la tristesse de comprendre que la vie n’est pas une grande aventure, mais une série de petits moments insignifiants, que l’amour n’est pas un conte de fées, mais une émotion fragile et éphémère, que le bonheur n’est pas un état permanent, mais un aperçu rare et fugace de quelque chose que nous ne pourrons jamais capturer. Et dans cette prise de conscience, il y a une profonde solitude, un sentiment d’être coupé du monde, des autres personnes, de soi-même. — Virginia Woolf.