Le totalitarisme est un système politique qui recherche la «domination totale». Il faut prendre cette assertion de Hannah Arendt au pied de la lettre: il ne s’agit pas d’une domination relative, sur l’ensemble des champs publics et privés de la vie des individus d’une société, mais d’une domination totale. Qu’est-ce à dire? Cette domination totale ne souffre d’aucune exception. Hannah Arendt avait ainsi décrit la différence entre tyrannie et totalitarisme, en prenant l’exemple d’une loi de 1957, sous Khrouchtchev, qui s’intitulait alors «loi contre les parasites sociaux». Ces parasites devaient être choisis par le peuple lui-même lors de réunions de masse. Mais la loi rencontra l’opposition des juristes, et fut abandonnée. Cette simple considération, note Hannah Arendt, modifie le diagnostic politique: nous ne sommes plus dans le règne totalitaire, mais dans une tyrannie ordinaire. Car le totalitarisme est le système politique de l’exception, en ce sens qu’il n’en tolère aucune. […]
Camus et la sauvagerie nucléaire
Pendant que les médias de grand chemin se livraient à des commentaires «enthousiastes» sur le massacre d’Hiroshima, Albert Camus prenait une fois de plus le contrepied des illusions suicidaires. Il nous aura fallu, peut-être, quatre-vingts ans de distance pour comprendre la gravité de ses mises en garde.