«Parfois, au cœur même de la vie active, je sens brusquement que tout s’en va, que les choses quittent le monde, que les hommes se quittent les uns les autres. Alors je retourne à ma solitude, la vraie patrie de ma conscience. Ma solitude, ce n’est pas le silence et l’immobilité de la nuit aveugle, c’est le sanglot et le cri de joie de tous les destins humains et de toutes les exigences de la vie, depuis les débuts du monde jusqu’à aujourd’hui. C’est la rotation tourbillonnante d’innombrables soleils en face desquels celui qui nous chauffe n’est qu’un jouet, c’est le bourdonnement d’un million de cloches cosmiques dont les planètes sont les balanciers. Et à travers cet univers sans fin et sans nom est plantée, pareille à une colonne, du sommet jusqu’à la base, une épée de lumière — ma conscience.» — Ivo Andrić, Signes au bord du chemin, éd. […]
Le nazisme comme «divinité immortelle»
On ne peut plus faire taire aujourd’hui l’adversaire en lui balançant à la figure la Deuxième Guerre mondiale. C’était bien commode pour maintenir un monopole du «narratif», mais cette ère est finie. La désacralisation de ce moment de l’histoire ne va toutefois pas sans conséquences.