Bref retour sur l’esprit et le sens de notre travail.
Il y a un peu moins de deux ans, pour notre 200e édition, nous avons proposé à nos amis et lecteurs de nous écrire en quelques mots ce que l’Antipresse représentait pour eux. Nous avons reçu des dizaines de réponses, souvent très élaborées. Ces retours nous ont été précieux.
Pour cette 300e édition, nous n’avons pas eu à solliciter les échos: nous recevons des courriers en nombre, auxquels il ne nous est même pas toujours possible de répondre. Les relations avec nos lecteurs se sont resserrées et comme personnalisées.
C’est que, depuis deux ans, il s’est passé beaucoup de choses. Nous avons accueilli de nouveaux contributeurs, introduit l’Antipresse audio et essayé d’accompagner la croissance et la diversification de notre public.
Surtout, début 2020, nous sommes tombés dans ce que j’ai immédiatement appelé l’ère Coronafoirus. Le règne moliéresque des médecins de cour, des vendeurs de philtres et de potions et de la psychose sanitaire.
Plus de la moitié de nos lecteurs d’aujourd’hui nous ont découverts par ce biais: parce que nous avons été l’une des premières voix dissonantes dans cette unanimité imposée. Nous ne doutions pas de la maladie, mais de l’usage qu’on en faisait. Les Purgons et les Diafoirus de Molière avaient eux aussi affaire, parfois, à des affections réelles. Qu’ils se plaisaient à cultiver à leur profit: pourvu que la maladie se porte bien! A leur suite, avec le scientisme moderne, on verra débarquer le Dr Knock et ses techniques de manipulation mentale qui feront de tout bien portant un malade qui s’ignore. Mais le ressort est le même: subjuguer autrui par ses faiblesses, la crédulité et la peur de la mort. Pour se débarrasser de leur emprise, c’est logiquement ces deux tares qu’il faut éradiquer en priorité. La crédulité et la peur de la mort.
Nous avons traité de cette crise sous des angles peu explorés ailleurs: la prise de pouvoir technologique, la dépossession mentale et spirituelle, les manipulations psychologiques, la dérive totalitaire, le tout accompagné par un effondrement intellectuel et moral des médias de grand chemin sans exemple dans notre histoire, et qui surpasse même la complaisance de la presse soviétique. S’il fallait rassembler en un volume l’essentiel de ces textes, il ferait au moins cinq cents pages…
Nous n’avions pas attendu la déshumanisation covidéologique pour insister sur l’importance du discernement face aux faits bruts, de la qualité face à la quantité, de l’imprévisibilité humaine face à la robotisation. Cette quête de sens a pris un relief tout particulier avec les événements. On croyait que le transhumanisme n’était que le dada d’une secte scientiste — et voici tout d’un coup qu’il déferle sur nous et dans nos vies. C’est qu’il ne date pas d’hier. Avant la phase médicale, physique et chimique, il y a eu une longue préparation philosophique pour convaincre les hommes de se départir de leur âme. C’est pourquoi nous nous accrochons justement à elle, à cette âme, et nous continuerons sans relâche à tenir la chronique de la vie humaine au temps des robots. Comme me l’a écrit une lectrice: «l’issue est vers le haut».
Nous avons commencé notre aventure en épinglant les ridicules et les partis pris des médias de grand chemin. Nous nous sommes affranchis de cette référence. Il ne s’agit plus de les corriger ou de les réfuter, il s’agit de reconstruire le monde sans eux. Ils se sont éliminés d’eux-mêmes en réduisant leur pensée à des algorithmes. Cette place laissée vacante, il s’agit de la remplir avec du sens, de la beauté, de l’humour, de la quête de vérité — bref, avec des raisons de vivre.