En accès libre
Vous ne danserez plus!
Un jour, j’ai dit à ma femme que j’allais acheter une enveloppe: «Bah, m’a-t-elle répondu, tu n’es pas pauvre… pourquoi ne pas commander une centaine d’enveloppes en ligne et les ranger dans le placard?» J’ai fait semblant de ne pas l’entendre et je suis sorti acheter... lire plusLa guerre au silence
«Il y a aussi des endroits calmes dans l’esprit», dit-il d’un ton méditatif. «Mais nous y construisons des kiosques à musique et des usines. Nous voulons délibérément mettre un terme à la tranquillité. Nous n’aimons pas le calme. Toutes les pensées, toutes les préoccupations dans ma tête tournent en rond, continuellement… Et les orchestres de jazz, les chansons de music-hall, les garçons qui crient les nouvelles. A quoi ça sert ? A quoi bon ? Pour mettre fin à la tranquillité, pour la briser et la disperser, pour faire semblant à tout prix qu’elle n’est pas là. Ah, mais elle est là, elle est là, malgré tout, à l’arrière de tout.» — Aldous Huxley, Antic Hay (trad. SD).
La perfection, c’est la mort
La perfection me dégoûte. Toutes ces femmes et ces hommes qui cherchent la perfection dans les stéréotypes créés par la société me font vomir. Foutus mannequins de viande, sans personnalité ni amour pour eux-mêmes. Mêmes vêtements, même musique, mêmes expressions, mêmes aliments, mêmes galipettes, mêmes voitures, mêmes vies… et finalement? Mêmes suicides neuronaux de masse. Parce que vivre comme un automate est sans aucun doute un suicide. Quand tout le monde est pareil, tout le monde n’est personne. La perfection est un petit oiseau en cage qui vit, mange, chie et meurt dans le seul but d’être admiré. Je veux vivre libre, frigorifié, froid, affamé, mais libre. — Charles Bukowski (via notre lecteur LP).
Traîtres à nous-mêmes
Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps, et n’a autre chose que ce qu’a le moindre homme du grand et infini nombre de nos villes, sinon que l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’où a-t-il pris tant d’yeux,... lire plusLa timidité du Christ
J’ouvre à nouveau l’étrange petit livre dont tout le christianisme est issu, et je suis à nouveau hanté par une sorte de confirmation. La figure extraordinaire qui remplit les Évangiles domine à cet égard, comme à tous les autres, tous les penseurs qu’on a jamais... lire plusSe bien garder de vaincre son maître
Toute supériorité est odieuse; mais celle d’un sujet sur son prince est toujours folle, ou fatale. L’homme adroit cache des avantages vulgaires, ainsi qu’une femme modeste déguise sa beauté sous un habit négligé. Il se trouvera bien qui voudra céder en bonne fortune,... lire plusLe mystère irrationnel de la charité
À la lumière de la loi absolue de charité du christianisme, nous avons fini par voir ce que nous ne pouvions voir auparavant: l’enfant autiste, trisomique ou autrement handicapé, par exemple, pour qui le monde peut rester une énigme perpétuelle, qui peut trop souvent... lire plus«Le Bien, captif, ayant le Mal pour capitaine…»
Las du monde, j’aspire au repos éternel Quand je vois le talent réduit à la misère, La nullité partout triomphante et prospère, La foi qui se parjure à la face du ciel, L’honneur prostituant son éclat immortel, De vierge la pudeur devenant adultère, La justice exilée aux confins de la terre. Les abus tortueux d’un pouvoir criminel, L’art qu’avec ses deux mains l’autorité bâillonne, La sottise en bonnet qui doctement ânonne, Le cœur dans le devoir toujours moins affermi, Le Bien, captif, ayant le Mal pour capitaine; — Oui, voyant tout cela, que je mourrais sans peine Si je pouvais mourir sans perdre mon ami! — Shakespeare, Sonnet LXVI.