Le canon est une invention de la mécanique. Il est laid et bête autant que redoutable. Tuant les hommes à distance, il met à néant les plus nobles emportements du courage humain. Des soldats au cœur sublime sont frappés à mort avant d’avoir aperçu l’ennemi. Tout ce qu’il pouvait y avoir de beauté dans les guerres antérieures a disparu. L’héroïsme désormais consiste à endurer avec patience le froid, la faim, la pluie, la boue, l’ordure, l’atroce ennui et une mort sans gloire ni consolation. — Léon Bloy, Dans les ténèbres (1918) Observe. Analyse. Intervient.L’Antipresse ne dort jamais. Restons en contact! J’y vais! Merci! Nous vous envoyons de ce pas un message de confirmation!
La Suisse ou le pivot du monde (1)
Pendant plus de mille ans, l’Occident fut le centre du monde. Et ce centre avait un cœur d’où descendaient ses eaux et par où passaient ses routes capitales: la Suisse. Si la civilisation globale, comme l’a dit l’historien Nicolas Troubetzkoy, est une invention de *l’égocentrisme romain-germanique*(1), le bloc alpin peuplé par les Suisses a joué un rôle essentiel dans cette invention. Un pays doté d’une histoire et d’une personnalité aussi singulières peut-il se noyer dans le marasme ambiant? Ses propres dirigeants, aujourd’hui, semblent penser que oui. On peut juger leur empressement à s’autoeffacer un peu… prématuré.