Pain de méninges
Se bien garder de vaincre son maître
Toute supériorité est odieuse; mais celle d’un sujet sur son prince est toujours folle, ou fatale. L’homme adroit cache des avantages vulgaires, ainsi qu’une femme modeste déguise sa beauté sous un habit négligé. Il se trouvera bien qui voudra céder en bonne fortune,... lire plusLe mystère irrationnel de la charité
À la lumière de la loi absolue de charité du christianisme, nous avons fini par voir ce que nous ne pouvions voir auparavant: l’enfant autiste, trisomique ou autrement handicapé, par exemple, pour qui le monde peut rester une énigme perpétuelle, qui peut trop souvent... lire plus«Le Bien, captif, ayant le Mal pour capitaine…»
Las du monde, j’aspire au repos éternel Quand je vois le talent réduit à la misère, La nullité partout triomphante et prospère, La foi qui se parjure à la face du ciel, L’honneur prostituant son éclat immortel, De vierge la pudeur devenant adultère, La justice exilée aux confins de la terre. Les abus tortueux d’un pouvoir criminel, L’art qu’avec ses deux mains l’autorité bâillonne, La sottise en bonnet qui doctement ânonne, Le cœur dans le devoir toujours moins affermi, Le Bien, captif, ayant le Mal pour capitaine; — Oui, voyant tout cela, que je mourrais sans peine Si je pouvais mourir sans perdre mon ami! — Shakespeare, Sonnet LXVI.
La beauté des souvenirs
Vous devez savoir qu’il n’est rien de plus élevé, de plus puissant, de plus sain ni de meilleur pour votre vie à venir que quelques beaux souvenirs, en particulier les souvenirs d’enfance et de foyer familial. Les gens vous parlent beaucoup de votre éducation, mais un... lire plusLe canon, ou la fin de la noble guerre
Le canon est une invention de la mécanique. Il est laid et bête autant que redoutable. Tuant les hommes à distance, il met à néant les plus nobles emportements du courage humain. Des soldats au cœur sublime sont frappés à mort avant d’avoir aperçu l’ennemi. Tout ce qu’il pouvait y avoir de beauté dans les guerres antérieures a disparu. L’héroïsme désormais consiste à endurer avec patience le froid, la faim, la pluie, la boue, l’ordure, l’atroce ennui et une mort sans gloire ni consolation. — Léon Bloy, Dans les ténèbres (1918)