Pain de méninges
Ces choses qui arrivent comme la marée
Il est vrai qu’on a pas encore abattu toutes les croix, ni remplacé les cérémonies du culte par des spectacles antiques de prostitution. On n’a pas non plus tout à fait installé des latrines et des urinoirs publics dans les cathédrales transformées en tripots ou en salles de café-concert. Évidemment, on ne traîne pas assez de prêtres dans les ruisseaux, on ne confie pas assez de jeunes religieuses à la sollicitude maternelle de patronnes de lupanars de barrière. On ne pourrit pas assez tôt l’enfance, on n’assomme pas un assez grand nombre de pauvres, on ne se sert pas encore assez du visage paternel comme d’un crachoir ou d’un décrottoir… Sans doute. Mais toutes ces choses sont sur nous et peuvent déjà être considérées comme venues, puisqu’elles arrivent comme la marée et que rien n’est capable de les endiguer. — Léon Bloy, Le Désespéré (1887).
Philosophie de la limace
Si vous ne vous arrêtez pas complètement pour ne rien faire pendant de longues périodes, vous allez tout perdre. Que vous soyez acteur ou femme au foyer ou autre chose, vous devez avoir entre les moments forts de longues pauses où vous ne faites absolument rien. Vous... lire plusVous ne danserez plus!
Un jour, j’ai dit à ma femme que j’allais acheter une enveloppe: «Bah, m’a-t-elle répondu, tu n’es pas pauvre… pourquoi ne pas commander une centaine d’enveloppes en ligne et les ranger dans le placard?» J’ai fait semblant de ne pas l’entendre et je suis sorti acheter... lire plusLa guerre au silence
«Il y a aussi des endroits calmes dans l’esprit», dit-il d’un ton méditatif. «Mais nous y construisons des kiosques à musique et des usines. Nous voulons délibérément mettre un terme à la tranquillité. Nous n’aimons pas le calme. Toutes les pensées, toutes les préoccupations dans ma tête tournent en rond, continuellement… Et les orchestres de jazz, les chansons de music-hall, les garçons qui crient les nouvelles. A quoi ça sert ? A quoi bon ? Pour mettre fin à la tranquillité, pour la briser et la disperser, pour faire semblant à tout prix qu’elle n’est pas là. Ah, mais elle est là, elle est là, malgré tout, à l’arrière de tout.» — Aldous Huxley, Antic Hay (trad. SD).
La perfection, c’est la mort
La perfection me dégoûte. Toutes ces femmes et ces hommes qui cherchent la perfection dans les stéréotypes créés par la société me font vomir. Foutus mannequins de viande, sans personnalité ni amour pour eux-mêmes. Mêmes vêtements, même musique, mêmes expressions, mêmes aliments, mêmes galipettes, mêmes voitures, mêmes vies… et finalement? Mêmes suicides neuronaux de masse. Parce que vivre comme un automate est sans aucun doute un suicide. Quand tout le monde est pareil, tout le monde n’est personne. La perfection est un petit oiseau en cage qui vit, mange, chie et meurt dans le seul but d’être admiré. Je veux vivre libre, frigorifié, froid, affamé, mais libre. — Charles Bukowski (via notre lecteur LP).