Pain de méninges
Des médias et de leurs antidotes
«C’est un des paradoxes de notre époque: les média n’ont jamais été aussi unanimes ni les moyens de les court-circuiter aussi efficaces.» — Charles-André Aymon, journaliste.
Le refus de juger favorise le mal
«Le mal naît où le jugement s’arrête, le refus de juger ne manque de favoriser le mal, le mal s’arme de nos respects et pour en imposer à la raison, seule en état de le confondre. Où l’on s’incline et se prosterne, c’est en définitive le mal qu’on adore et les profanateurs sont l’honneur de l’espèce humaine dans la majorité des cas, mais l’ordre a toujours trop de crimes à se reprocher pour endurer l’audace et tolérer un esprit d’examen dont il est la victime désignée. Le peuple ne voit donc le mal où le mal se situe, l’ordre et la foi qui double l’ordre l’en écartent, le mal est projeté sur des objets ou sur des hommes qui n’en peuvent mais et dont le bris ou le massacre n’arrangera pas les affaires, mais permettra du moins aux rages impuissantes de se décharger.» — Albert Caraco, «Du mal en tant […]
L’homme et la machine
«Un jour, la machine a paru. Le capital l’a épousée. Le couple a pris possession du monde. Dès lors, beaucoup d’hommes, surtout les ouvriers, sont tombés sous sa dépendance. Liés aux machines quant à leur travail, au patron quant à leur salaire: ils se sentent moralement réduits et matériellement menacés. Et voilà la lutte des classes! Elle est partout, aux ateliers, aux champs, aux bureaux, dans la rue, au fond des yeux et des âmes. Elle empoisonne les rapports humains, affole les États, brise l’unité des nations, fomente les guerres. Car, c’est bien la question sociale, toujours posée, jamais résolue, qui est à l’origine des grandes secousses subies depuis trente-cinq ans. Aujourd’hui, c’est la même question, toujours posée, jamais résolue, qui pousse le monde vers un drame nouveau. C’est elle qui fournit de prétextes la tyrannie qui s’étend sur les deux tiers de l’Europe et de l’Asie. C’est elle qui, […]
Questions de style
«Il cultiva un style élégant et sobre en évitant les inepties raffinées des sentences et « la saveur rance des termes abscons », selon ses propres termes ; il s’attacha principalement à exprimer sa pensée le plus clairement possible. (…) Il accabla d’un égal mépris les écrivains musqués et les archaïsants, qui avaient à ses yeux des défauts contraires, et parfois il les attaquait, en particulier son cher Mécène, dont il dénigre à chaque occasion « les frisures parfumées », selon sa propre expression, et dont il se moque par des imitations parodiques. Mais il n’épargne pas non plus Tibère, qui était parfois à l’affût de termes surannés et abscons. Quant à Marc Antoine, il lui reproche d’être un détraqué qui écrivait plutôt pour éblouir les gens que pour être compris d’eux.» — Suétone, Vie d’Auguste, nouvelle trad de Guillaume Flamerie de Lachapelle.
C’est l’homme qui fait l’histoire, non les foules
«La sagesse est une agonie et le refus de la sagesse en est une autre, nous nous précipitons dans les événements pour fuir le repos de la mort et nous cherchons la mort au sein de la fatigue et de l’épuisement. Les héros courent après ce que les hommes du commun évitent, ils mettent l’univers en branle, accréditant le mal qu’ils servent et déplaçant les bornes qu’ils défient. Nous sommes payés pour l’entendre et nous savons que l’homme fait l’Histoire et non les foules, les foules désormais rentrent dans le néant qu’elles parurent déserter entre les années 1789 et 1917, c’est un problème résolu, le peuple ne sera plus rien, il a fourni ses preuves.» — Albert Caraco, «Du mal en tant que moteur de l’histoire», in Le tombeau de l’histoire
Islamisation ou déchristianisation?
«Nous sommes un peuple de dégénérés, la France. Tu te rends compte? Nous disons que nous avons des racines chrétiennes. Mon cul, oui! Nous avons des racines chrétiennes, mais on ne pratique pas. Quand on a la foi, on la pratique. C’est comme une langue étrangère: quand on ne pratique plus la langue, on la perd. Eh bien, on perd. On perd notre foi. On ne sait plus dire le benedicite. On ne sait plus prier ensemble. On communie rapidement, puis après tout le monde se casse. Voilà! Ce peuple de France, il y a une spiritualité énorme qui leur manque. Ils ont l’Evangile, mais ils pratiquent pas. Tu sais, je baptise des gosses, bon. Je fais une enquête pour savoir, pourquoi les baptiser. C’est… C’est culturel, c’est identitaire, c’est tout ce que tu veux. Mais je dis: donnez à votre enfant au moins l’Evangile. Et puis, s’il veut se […]
Des villes américaines
«On finit notre troisième semaine dans le Sud des Etats-Unis. On quitte gentiment la Louisiane pour le Texas. Avec, pour l’instant, un sentiment mitigé. Il y a certes partout de bien belles choses, mais la plupart des villes nous effraient un peu. Elles sont en effet comme mortes. Pas d’animation dans le centre, pas de piétons, tout a déménagé depuis des lustres dans les banlieues. Ce n’est vraiment pas le genre de villes que nous aimons.» — Olivier Toublan et Azota Pelin, voyageurs, 21.12.2015.
De l’oppression démocratique
«Je pense donc que l’espèce d’oppression, dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l’a précédée dans le monde; nos contemporains ne sauraient en trouver l’image dans leurs souvenirs. Je cherche en vain moi-même une expression qui reproduise exactement l’idée que je m’en forme et la renferme; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle, il faut donc tâcher de la définir, puisque je ne peux la nommer. Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine; […]
Le dessus et le dessous
« Après que le matérialisme du XIXe siècle eut fermé l’esprit humain à ce qui était au-dessus de lui, la psychologie du Xxe siècle l’a ouvert à ce qui est en-dessous de lui. » — Ananda K. Coomaraswamy