Pain de méninges
Comprendre la «dérive droitière» en Autriche
« Tout le monde se plaint à l’unisson du glissement très marqué vers la droite, en Autriche et dans l’UE. Cela occulte cependant une question centrale: qu’est-ce qui a réellement poussé les démocrates-chrétiens et les sociaux-démocrates, en Autriche et ailleurs, à s’éloigner à mille lieues de leurs électeurs, au point que ceux-ci leur fassent défaut à une échelle incommensurable? Qu’est-ce qui autorise les partis politiques établis à compenser leur propre insuffisance par des calomnies politiques à l’égard des nouveaux venus? Cela semble être le dernier moyen d’action à la disposition des partis perdants. Les citoyens qui se plaignent de manquements et qui dénoncent des abus se font traiter de «racailles» dans le meilleur des cas, et de «nazis» dans le pire. Les défaillances mêmes des partis perdants sont alors légitimées par des «campagnes anti-droite» dirigées contre ceux qui ne demandent qu’à voir régner l’ordre et à être pris au sérieux […]
L’âme des plantes
La plante vit entre deux mondes qu’elle relie : le souterrain, celui où sont les morts, où est la matière, et l’aérien, là oû sont les âmes et l’esprit. C’est pourquoi l’être de la plante est ouvert, tel un pont ou un portail, ouvert vers l’extérieur et l’intérieur, vers le haut et vers le bas. Il est plus ouvert que l’être humain qui s’est déjà détaché de la terre et qui demeure impuissant face à la ténèbre souterraine. La fleur, en tant qu’organe spirituel de la plante, est le symbole de l’âme. La partie sombre, les racines, appartient aux morts dont les corps se trouvent là-dessous; la fleur, la partie claire, appartient aux morts dont les âmes sont là-haut. — Béla Hámvas.
Que nous dit Philippe Muray?
« Il nous dit que notre époque s’exprime par ses fêtes. Si Muray critique le festif, nous sommes d’accord, ce n’est pas parce qu’il n’aime pas les fêtes. Ce n’est pas un raseur. Il lutte simplement contre un comportement imposé, il montre que le «festif» abrite une sorte de système totalitaire. Non pas parce que ce n’est pas bien que les gens s’éclatent mais parce qu’il éteint toute individualité, il éteint toute analyse négatuve du réel, il éteint toute problématique de souffrance. Il évacue le tragique de l’existence, empêchant ainsi toute littérature. » Fabrice Luchini, Comédie française (éd. Flammarion).
De la causalité
Un esprit autonome et substantiel rejette la science. Pourquoi? Parce que la science est construite sur le principe de causalité, «or la pensée causale est un signe de débilité». Celui qui voudrait comprendre le monde selon la causalité est l’égal d’un homme qui gravit un escalier sombre dans une tour et qui n’éclaire de sa lampe que la marche qu’il quitte et celle sur laquelle il pose le pied. Il ne peut rien voir au-delà de la causalité ni s’aventurer hors d’elle; il devient un demeuré de la cohérence. — Béla Hámvas.
L’industrialisation du désir
« Nos êtres se changent en machines désirantes parce qu’ils ne sont que la production manufacturée de l’industrie du désir. Il faut les voir, ces petits hommes déjà vieillis sous le fard des U.V. dont on ne saura plus jamais s’ils ont quinze ou cinquante ans, qui hantent les sous-sols des clubs échangistes et dont le pseudo-désir s’affole en réalité à la vue ou au contact de hasard du moindre lambeau de chair que rien ne magnifie plus dans cette ambiance lézardée de Ninive qui va chuter. Rien de neuf en effet là-dedans, tout semble en ordre depuis la plus haute Antiquité. Rien de neuf sinon l’hypertrophie du modèle… » — Jacques de Guillebon, Nous sommes les enfants de personne (éd. Xenia)
La bénédiction du vin
« On dilapide une moitié de vie avant de remarquer les choses les plus importantes. Comme il est merveilleux de vivre sur une terre vinicole ! Quand un homme s’en aperçoit si tard, ce n’est pas de sa faute. Il vit en une époque misérable qui a dégradé au rang de marchandise les deux plus grands dons de la terre: le blé et le raisin, le pain et le vin. Et l’on dit: alcool, de même qu’on appelle les fruits des vitamines. Honte à celui qui a inventé ce nom et à celui qui s’en sert. Je rends grâces aux dieux qui nous ont permis de naître sur une terre vinicole. » — Béla Hámvas.
L’homme politique, pestilence des temps modernes
« Les hommes que le peuple devrait élire pour le représenter sont trop occupés pour assumer ce travail. Le politicien, en revanche, n’attend que ça. Il est la pestilence des temps modernes. Ce qu’il nous faudrait essayer de faire, ce serait d’aborder la politique à un niveau aussi local que possible. Garder les politiciens assez près pour pouvoir les rosser. Les villageois qui s’assemblaient au pied de l’arbre à palabres pouvaient également pendre leurs politiques à ce même arbre. Il est terrible de voir combien peu de politiciens sont pendus de nos jours. » — G. K. Chesterton, 1921.
Les organisateurs du chaos
« Lucifer parlait au roi de la bourse, un pitoyable petit vieux tout maigre dont le visage faisait penser à un antique masque de cuivre. Les taches vertes et brunes de ses joues accentuaient la ressemblance. Lucifer parla du veau d’or, du culte de Mammon, de la soif de richesses et des délices qu’il saurait insuffler à l’humanité. Le vieillard l’écouta, puis il lui dit : — Ce discours du matérialisme brutal que vous tenez m’est étranger. Nous sommes des spiritualistes, défenseurs des idées, fervents apôtres de l’idéalisme. Nous sommes les puritains de la nouvelle morale, de la morale mathématique simplifiée de l’offre et de la demande, de la vente et de l’achat… Je ne me nourris moi-même que de fruits, de lait, de légumes et de chocolat. Nous sommes les pauvres gardiens des trésors, les maîtres des richesses. Nous sommes les organisateurs du chaos. Notre royaume n’est ni concret ni matériel. […]
Tout est dans l’acte
Le mal et le bien d’un être raisonnable et sociable n’est pas dans ce qu’il éprouve, mais dans ce qu’il fait, de même que la vertu et le vice ne sont pas dans les sentiments, mais dans les actes. — Marc-Aurèle, Pensées, IX, 16.