Lorsqu’il arrive qu’un être fait pour la vie spirituelle et qui s’y est déjà consacré, passe — avec armes et bagages — dans le camp opposé, dans le monde de la vie extérieure et matérielle, cela représente pour la vie de l’esprit une perturbation énorme, quelque chose d’aussi grave qu’un cataclysme géologique pour la terre. C’est un grand dommage pour l’un et l’autre des deux ordres et un désastre sans pareil pour l’individu. Mais le pire de ce qui l’attend dans cette nouvelle vie où chaque heure est un enfer à part entière, consiste en ceci: cet homme cherche à introduire dans la vie extérieure, inconsistante et absurde, les critères et la logique d’un ordre spirituel. On peut imaginer la dysharmonie infernale que représente une telle vie. L’homme plane et se morfond dans ses peines, broyé entre deux meules géantes, entre ce qui n’est plus et ce qui ne peut […]
Camus et la sauvagerie nucléaire
Pendant que les médias de grand chemin se livraient à des commentaires «enthousiastes» sur le massacre d’Hiroshima, Albert Camus prenait une fois de plus le contrepied des illusions suicidaires. Il nous aura fallu, peut-être, quatre-vingts ans de distance pour comprendre la gravité de ses mises en garde.