Pain de méninges
La fonction de la burka
«Tout l’Islam semble être une méthode pour développer dans l’esprit des croyants des conflits insurmontables, quitte à les sauver par la suite en leur proposant des solutions d’une très grande (mais trop grande) simplicité. Vous inquiétez-vous de la vertu de vos épouses ou de vos filles ? Rien de plus simple, voilez-les et cloîtrez-les. C’est ainsi qu’on en arrive a la burka moderne, semblable à un appareil orthopédique.» — Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques.
Des préceptes de vie vieux comme l’humanité
Il t’appartient d’agir sans jamais un regard pour les fruits de l’action Ne fais jamais du fruit de l’action ton mobile Ceux pour qui les fruits de l’action sont leur mobile méritent la pitié Mais ne sois pas non plus attaché à la non-action C’est en agissant au cœur de l’action qu’on est délivré de toute attache Demeure égal dans le succès comme l’insuccès C’est cette égalité même qui est détachement intérieur Le sage, pour qui plaisir et déplaisir se valent, atteint ce qui ne meurt pas Vois d’un œil égal souffrance et plaisir, richesse et misère, défaite et victoire Tiens-toi prêt au combat, rien de mal ne t’arrivera Celui dont la pensée n’est pas troublée par les souffrances Qui n’a aucun désir pour le plaisir, qui n’a ni peur, ni passion, ni colère On dit que c’est un sage possédant la lumière. — La Bhagavad Gîtâ (via Pacôme Thiellement)
Nécessaire, la technologie?
«Dante aurait-il composé de meilleurs vers sous une ampoule à verre dépoli? Si Léonard avait eu besoin d’électricité, il aurait trouvé moyen de bricoler quelques rouages pour faire jaillir les étincelles. Il aurait fabriqué des machines, on en a gardé les dessins, et comment… Au lieu de ça, il a peint cette femina perfide qui sourit, héhé… Elle sourit, la féminine bestiole…» — Ranko Marinković, Le Cyclope
Quand la peur tuera l’amour
«Il avait toujours cru que l’amour, en tant que force de la nature, était indestructible; et que, quand il était menacé, on pouvait le protéger, le calfeutrer, l’envelopper d’ironie. A présent, il en était moins convaincu. La Tyrannie s’était tellement perfectionnée dans l’art de la destruction: pourquoi ne détruirait-elle pas aussi l’amour, délibérément ou non? La Tyrannie vous enjoignait d’aimer le Parti, l’Etat, le Grand Chef, le Peuple. Mais l’amour individuel — bourgeois et particulariste — vous détournait de ces grands «amours» nobles, insensés et impensants. Or en ces temps-là, il était toujours risqué d’être pleinement soi-même. Si on les terrorisait suffisamment, les gens devenaient autre chose, des choses diminuées, recroquevillées, de pures techniques de survie. De ce fait, ce n’était pas une simple anxiété qu’il éprouvait, mais souvent une peur bleue: la peur que l’amour vivait ses derniers jours.» — Julian Barnes, The Noise of Time, p. 87 (trad. […]
Sommes-nous faits pour cette vie?
«Dieu a créé les hommes et les femmes aptes à façonner leurs destinées et à utiliser Sa création pour leur avantage et leur plaisir. C’est pourquoi l’humanité produit des objets d’une beauté stupéfiante et des célébrations d’une imposante majesté. Dieu n’aurait certainement pas donné aux hommes et aux femmes cinq sens et une âme s’Il les avait destinés à devenir des esclaves besogneux, s’il les avait condamnés à trimer dans des immeubles de bureaux, à devenir des fragments de machines et d’organisations, à vivre dans des terriers et à se déplacer dans des tuyaux souterrains, échangeables, remplaçables et consommables.» — Léon Krier, architecte humain, 1985.
L’essence de l’humanisme
« Ce qu’est l’humanisme, il n’est pas possible de le désigner, car ce n’est pas une personne, un objet, un caractère, mais une essence spirituelle; on ne peut le percevoir dans son être, mais uniquement dans son action: là où sa force créatrice réalise quelque chose qui ne corresponde pas à son idée, mais qui soit totalement l’idée elle-même. Ce quelque chose, cette réalité, cet objet, c’est: la chaise électrique, symbole de l’humanisme. La chaise électrique est le symbole d’un pouvoir illimité, mais drapé d’une apparence de miséricorde. La chaise électrique tue au nom du pouvoir au même titre que le sabre, la balle ou la guillotine, mais elle tue de loin, impersonnellement, et ce n’est pas accompli par l’homme, mais par une force cosmique. » — Béla Hámvas.
La conspiration des riches
«Quand je reconsidère ou que j’observe les États aujourd’hui florissants, je n’y vois, Dieu me pardonne, qu’une sorte de conspiration des riches pour soigner leurs intérêts personnels sous couleur de gérer l’État. Il n’est pas de moyen, pas de machination qu’ils n’inventent pour conserver d’abord et mettre en sûreté ce qu’ils ont acquis par leurs vilains procédés, et ensuite pour user et abuser de la peine des pauvres en la payant le moins possible. Dès que les riches ont une fois décidé de faire adopter ces pratiques par l’État — qui comprend les pauvres aussi bien qu’eux-mêmes — elles prennent du coup force de loi. Ces hommes détestables, avec leur insatiable avidité, se sont partagé ce qui devait suffire à tous; combien cependant ils sont loin de la félicité dont jouissent les Utopiens!» — Thomas More, L’Utopie.
La tyrannie n’a pas de principes
«…car, quoique la tyrannie puisse être paranoïaque, elle n’était pas nécessairement stupide. Si elle était stupide, elle ne survivrait pas; de même qu’elle ne survivrait pas si elle avait des principes. La tyrannie comprenait le fonctionnement de certains aspects — les aspects faibles — de la plupart des gens. Elle avait passé des années à tuer des prêtres et à fermer des églises, mais si les soldats combattaient plus opiniâtrement sous la bénédiction des prêtres, alors on ramènerait des prêtres pour leur utilité à court terme. Et si, en temps de guerre, les gens avaient besoin de musique pour se remonter le moral, alors on remettrait aussi les compositeurs au boulot.» — Julian Barnes, The Noise of Time (trad. SD).
Drogues et création
«L’idée que l’élan créatif et les substances psychotropes sont liés est l’un des grand mythes pop-intellectuels de notre temps. Les quatre écrivains du XXe siècle dont l’œuvre est la plus responsable de cette idée sont probablement Hemingway, Fitzgerald, Sherwood Anderson et le poète Dylan Thomas. Ce sont ces auteurs qui ont en grande partie formé notre vision d’un désert existentiel anglophone où les gens ont été détachés les uns des autres et où ils vivent dans une ambiance d’étouffement émotionnel et de désespoir. Ces concepts sont très familiers à la plupart des alcooliques; la réaction commune qu’ils suscitent est l’amusement. Les écrivains qui s’intoxiquent sont tout simplement des toxicomanes — en d’autres termes, de vulgaires ivrognes et drogués. Toutes les thèses selon lesquelles les drogues et l’alcool seraient indispensables pour apaiser une sensibilité à fleur de peau ne sont que les ordinaires conneries de l’autoindulgence.» — Stephen King, On writing, […]